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mardi 19 janvier 2010

Le grand chantier nucléaire d'EDF prend du retard.


                    Chantier de construction du nouveau réacteur nucléaire de Flamanville (Manche).

Les difficultés de construction pourraient repousser la mise en service de deux ans.
À peine arrivé, le nouveau président d'EDF, Henri Proglio, se retrouve confronté à un dossier très délicat : le bon déroulement du chantier de l'EPR de Flamanville, le nouveau réacteur nucléaire qu'EDF construit actuellement dans la Manche. Il s'agit d'une centrale de 1 600 mégawatts dont le coût de construction est de l'ordre de 5 milliards d'euros. Un projet phare pour l'opérateur historique, c'est le plus gros chantier actuellement mené en France. Outre EDF, Bouygues (pour le génie civil), Areva (pour l'îlot nucléaire) et Alstom (pour le turbo-générateur) sont également associés au projet.
Jusque-là, l'ancienne direction d'EDF avait toujours maintenu la même ligne sur le sujet : ce prototype de l'EPR doit entrer en service en 2012, pour une commercialisation de l'électricité en 2013. Même si les équipes travaillent actuellement à plein régime, les réunions s'enchaînent. Les participants font part des préoccupations sur l'agenda du projet.
Selon certaines sources proches du dossier, le chantier est en retard. Très en retard même. Au moins deux ans, et peut-être même plus. Henri Proglio, qui réorganise actuellement la direction de la production chez EDF, sait que tôt ou tard il devra communiquer au sujet de Flamanville. En attendant, interrogée, l'entreprise ne modifie pas sa communication et s'en tient toujours au calendrier initial.
En réalité, plusieurs raisons expliquent le retard pris à Flamanville. Tout d'abord, il s'agit d'un prototype, ce qui rend difficile de s'appuyer sur un calendrier prévisionnel parfaitement balisé. L'expérience montre que dans le passé, les premières centrales d'EDF ont souvent été livrées avec des retards conséquents.

Dossier sensible:
Ensuite, l'ingénierie de l'entreprise, même si elle reste très réputée à travers le monde, n'est plus aussi affûtée après quinze ans sans chantier majeur. De nombreux ingénieurs et techniciens qui ont multiplié les constructions de centrales dans les années 1970 et 1980 ont pris ou sont sur le point de partir en retraite. «Or rien n'a été fait en terme de renouvellement des compétences», regrettait dans une interview au Figaro Henri Proglio.
Enfin, troisième raison et non la moindre, les demandes de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) réclament beaucoup plus de temps que prévu. Voici même quelques semaines, l'ASN avait jeté un pavé dans la mare en demandant à EDF de reconfigurer le contrôle commande de cette centrale de nouvelle génération. La position de l'ASN avait été communiquée conjointement avec les autorités britannique et finlandaise.
Pour EDF, le retard pris par l'EPR de Flamanville est un dossier extrêmement sensible. En terme d'image notamment. Pour beaucoup, cela signifie que l'entreprise rencontre les mêmes difficultés qu'Areva en Finlande, dont le chantier de l'EPR Olkiluoto accuse déjà trois ans de retard et un surcoût de près de 3 milliards d'euros.
Il en va également des ambitions de la filière nucléaire française à l'étranger, déjà malmenée après l'échec de l'appel d'offres à Abu Dhabi. Elle veut vendre plusieurs EPR à l'étranger. Mais encore faut-il que la construction de ce produit soit parfaitement maîtrisée. À Flamanville comme à Olkiluoto, ce n'est pas encore le cas.

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