Le président islandais, Olafur Grimsson, mardi, à Reykjavik, a pris le risque de torpiller le plan de sauvetage de son pays mis au point avec le FMI.
La décision de Reykjavik de soumettre à référendum l'accord de remboursement des clients étrangers de la banque Icesave irrite Bruxelles.
L'Islande, lessivée en 2007 par la faillite de ses banques, plonge tête baissée dans la crise. Sous pression populaire, le président Olafur Grimsson a refusé de parapher un accord financier avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, au risque de torpiller l'adhésion de l'île à l'Union européenne ainsi que le plan de sauvetage mis au point avec le FMI.
Six mois après le dépôt de la candidature de l'Islande, l'UE se refusait mardi à discuter un second «scénario norvégien» : celui d'un pays qui tourne brutalement le dos à l'Europe après avoir frappé à sa porte et obtenu de solides encouragements de l'intérieur. De bonnes sources à Reykjavik et Bruxelles pourtant, l'hypothèse ne peut être exclue.
Les 320 000 Islandais s'inquiètent du prix du ticket d'entrée, un an tout juste après avoir touché le fond dans la tempête financière et vu dans l'Europe un recours salvateur. Depuis l'automne, ils sont même majoritairement hostiles à l'adhésion, si l'on en croit les sondages.
Le projet de loi rejeté mardi est au cœur du débat islandais. Il prévoit le remboursement par le Trésor de quelque 5 milliards de dollars à des milliers d'épargnants britanniques et néerlandais floués en 2007 dans la faillite de la banque en ligne Icesave. Concrètement, Reykjavik s'engageait à ponctionner l'équivalent de 40 % de son PNB annuel pour dédommager des déposants étrangers. Pis, du point de vue des insulaires, le Royaume-Uni et les Pays-Bas prêtaient l'essentiel de la somme à un taux d'intérêt que beaucoup jugent exorbitant.
Après le feu rouge du président, le projet de loi doit être soumis à référendum. L'état de l'opinion laisse prévoir une campagne chauffée à blanc. Le vent en poupe, le mouvement antieuropéen Heimsynn ne se privera pas de dénoncer l'adhésion à l'UE comme un marché de dupes.
Londres exprime sa déception:
À l'inverse, l'Islande risque de payer fort cher le reniement de sa signature avec Londres et La Haye. Depuis l'effondrement de son système financier, l'île survit grâce à un ensemble de lignes de crédit de 10 milliards de dollars, montées grâce à la garantie du FMI. La remise en cause de l'accord Icesave a comme effet immédiat de retarder un prêt de 1,8 milliard d'euros des pays nordiques. Ainsi sans doute que le décaissement attendu d'une nouvelle tranche d'assistance du FMI.
Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Le président Grimsson et le gouvernement social-démocrate islandais, tous deux favorables à l'Europe, voient sûrement plus loin qu'un simple scrutin populaire. «Le référendum permettra aux électeurs de se défouler sur Icesave et, en même temps, de leur ouvrir les yeux sur le coût prohibitif d'un isolement financier qui se prolonge», avance un responsable islandais. C'est peut-être aussi le pari des Européens. Londres et La Haye ont marqué mardi une solide déception. Mais au contraire de l'année dernière, les deux capitales se sont bien gardées d'agiter un veto à l'éventuelle adhésion islandaise.
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