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samedi 23 janvier 2010

Les milieux financiers américains rejettent le plan Obama sur les banques.

Les grandes Bourses mondiales ont reculé, vendredi 22 janvier, entraînées par les valeurs bancaires, après l'annonce par le président américain, la veille, d'un projet de régulation bancaire contraignant. Dans la même journée, la perspective d'une difficile reconduction à la Réserve fédérale (Fed) par le Sénat, fin janvier, de Ben Bernanke – auquel Barack Obama a pourtant réaffirmé sa "pleine confiance" – a ajouté aux incertitudes de la communauté financière. En campagne pour les élections de mi-mandat, des élus accusent la Fed d'avoir été incapable de prévenir la crise financière de 2008 et de faire la part trop belle aux milieux financiers.
Le projet de régulation bancaire prévoit de revenir à une certaine séparation, au sein des banques, entre activités de dépôt et activités d'affaires. Et de fortement limiter les opérations pour compte propre (Le Monde du 22 janvier). Le Wall Street Journal en ligne a lancé un sondage : "Faut-il limiter la taille des banques pour garantir qu'elles ne deviennent pas trop grandes pour sombrer ?" La chaîne spécialisée CNBC a posé une question plus politique : "Obama doit-il nettoyer la Maison Blanche et embaucher une nouvelle équipe économique ?"
Les milieux bancaires américains sont partagés entre deux tendances : ceux qui jugent l'enjeu très important prônent de tout faire pour éviter le vote de la loi ; et ceux pour qui la mise en oeuvre de cette nouvelle politique se heurterait à des obstacles si grands qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Au mieux, ces dispositions seront remisées ; au pire, la moulinette législative du Congrès les adoptera après les avoir ramenées à des proportions plus modestes. Ils estiment que, comme le texte sur l'assurance-santé, l'adoption d'une loi modifiera peu la situation des banques et leur laissera le temps de "s'adapter".
Le débat législatif n'a pas débuté que, déjà, le secteur bancaire s'emploie à délégitimer la démarche elle-même. Les critiques se multiplient, dans l'espoir, comme cela a été le cas sur la santé, de diffuser le scepticisme pour, une fois ce dernier installé dans l'opinion, faire échouer le projet. Il n'aurait de sens que si toutes les grandes banques internationales y étaient soumises, ont répété, en boucle, les grandes chaînes.

MOULINS À VENT:
L'adoption d'une réglementation commune n'est guère envisageable, comme le montre la prudence des réactions des Européens. Si les Etats-Unis adoptent seuls une loi contraignante, les grands établissements fuiront leur territoire. Et si seules les banques américaines sont régulées, elles perdront leur capacité concurrentielle internationale.
Le chœur des sceptiques a insisté sur deux points : en quoi la séparation partielle entre activité commerciale et activités de marchés des grands établissements est-elle une garantie contre le risque systémique, dès lors que les produits dérivés continuent de se multiplier ? Limiter la taille des grandes banques est-il souhaitable ou réaliste ? Doute subsidiaire : limiter la pratique des opérations pour compte propre est pratiquement impossible, et aurait moins d'impact que ne veut le faire croire la Maison Blanche. David Viniar, numéro deux de la banque Goldman Sachs, indiquait vendredi que les "pures" opérations pour compte propre de sa banque étaient "restreintes". Une façon de dire que M. Obama part à l'assaut de moulins à vent. M. Viniar n'a cependant pas précisé la taille des opérations "non pures" auxquelles Goldman Sachs a recours.
Comme à son habitude, le président américain laisse au Congrès de vastes pans à débattre dans l'élaboration du détail des mesures. L'incertitude pèse donc sur la traduction législative de ses ambitions. Dans le New York Times, John Bogle, fondateur du fonds de placement Vanguard Investments, résume ce qui est en train d'advenir : "Tous les juristes et les petits génies de Wall Street ne vont plus avoir qu'une obsession : comment se débarrasser de tout ça." M. Obama le sait : il s'attend à affronter "une armée de lobbyistes" du secteur bancaire, a-t-il déclaré vendredi.

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