Le groupe pharmaceutique Novartis n'offre que 153 dollars par action pour s'emparer des 23 % du capital d'Alcon détenus par les petits actionnaires, alors qu'il propose 180 dollars à Nestlé pour acquérir sa participation de 52 % dans le spécialiste des produits ophtalmologiques. Les actionnaires minoritaires n'ont pas vraiment voix au chapitre, mais cela ne les empêchera pas de réclamer un meilleur traitement.
Pour Daniel Vasella, le patron de Novartis, il ne fait pas de doute que les actionnaires minoritaires accepteront les 2,8 actions Novartis offertes en échange de chaque action Alcon. Le groupe suisse verse une prime de 12 % sur le cours de référence d'Alcon qu'il a retenu à un moment donné, mais maintenant que le titre a atteint 164 dollars à la dernière clôture, l'annonce passe pour plutôt décevante.
Il est heureux que les administrateurs indépendants d'Alcon se manifestent pour pointer du doigt le différentiel de 15 % qui existe entre les modalités proposées au marché et le règlement en numéraire qui a été offert par ailleurs à Nestlé. S'il est vrai qu'en 2008 Novartis n'avait pas payé aussi cher à Nestlé la première participation prise dans Alcon, il n'en reste pas moins que même en se référant au prix moyen payé à Nestlé, c'est-à-dire 168 dollars, l'écart avec les conditions faites aux actionnaires minoritaires reste choquant.
Ces derniers ne peuvent évidemment pas peser autant qu'un Nestlé en mesure de donner les clés d'Alcon à Novartis, mais cette offre à deux vitesses va à l'encontre du principe d'égalité de traitement des actionnaires. Les minoritaires ne sont toutefois pas complètement démunis. Novartis ne voudra pas d'un bras de fer long et déplaisant avec toute une coalition d'actionnaires mécontents. Le groupe a reconnu que le plein contrôle d'Alcon lui permettrait d'accroître le profit des synergies de 50 %, et ses estimations sont certainement des plus prudentes.
Le hic, c'est que les marges de manoeuvre de Novartis ne sont pas énormes. Il en coûterait 12,2 milliards de dollars de payer le même prix en numéraire à tous les actionnaires, et la note de solvabilité "AA" du groupe en pâtirait. Cela étant, Novartis peut jouer sur la fraction réglée en titres. Les administrateurs indépendants sont théoriquement les mieux placés pour défendre les intérêts minoritaires. La rapidité de leur réaction est de bon augure. Chez Novartis, on sait à quel point l'acquisition d'Alcon sera profitable : il serait légitime que les minoritaires insistent pour emporter une part honnête du gâteau.
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