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samedi 16 janvier 2010

A l'usine Philips de Dreux, le rêve inabouti d'une "prise de contrôle" par les salariés.

Certains ont hâte de s'en aller avec les indemnités de licenciement les plus élevées possible. D'autres parlent de "se battre jusqu'au bout" pour défendre l'emploi dans une commune frappée de plein fouet par le chômage. Mais personne ne prononce le mot autogestion parmi les dizaines de salariés de Philips EGP réunis en assemblée générale, vendredi 15 janvier, à Dreux.
Pourtant, huit jours plus tôt, un représentant de la CGT avait affirmé à l'AFP que le personnel avait "pris le contrôle" de la production dans cette usine qui fabrique des téléviseurs à écrans plats. Le lancement d'une nouvelle coopérative ouvrière trente-sept ans après l'aventure Lip, ce fleuron de l'industrie horlogère relancé par ses salariés ? La réalité est plus prosaïque.
Tout commence en septembre 2009, lorsque le personnel de Philips EGP apprend que la direction a l'intention de fermer le site de Dreux. L'émotion est vive. A une époque, le groupe électronique employait environ 4 000 personnes dans deux établissements sur l'agglomération, rapporte Nathalie Neil-Riou, de la CGT. La plupart des familles établies de longue date à Dreux ont eu au moins un proche qui a travaillé chez Philips. Pour les syndicats, l'extinction de cette marque dans la ville s'apparente à une "casse industrielle " orchestrée depuis des années.

"Blocage des stocks"
Les semaines passent, le moral des troupes décline, la production aussi. Le 5 janvier, les salariés décident de passer à l'action et de stocker la marchandise dans un atelier, au lieu de l'aiguiller vers le service expédition. L'initiative est approuvée par une très large majorité des quelque 220 personnes employées par Philips EGP, explique alors Manuel Georget, secrétaire du syndicat CGT dans l'usine. Celui-ci évoque même la création d'une société coopérative de production (SCOP). "Il s'agissait juste de bloquer les stocks. Une action syndicale tout à fait traditionnelle", objecte Dominique Maillot, secrétaire de l'union locale FO de Dreux.
Quelques jours plus tard, la direction du site demande à plusieurs salariés de réinjecter les téléviseurs dans le circuit habituel. Faute de quoi, ils s'exposeront à des sanctions. Les intéressés s'exécutent, le "contrôle de la production" par les travailleurs prend fin. Vendredi, à la fin de l'assemblée générale, Mme Neil-Riou a signalé que des contacts avaient été noués avec la Confédération des SCOP. Dans l'assistance, personne ne l'a questionnée à ce sujet, certains rangeant même des chaises au moment où elle prenait la parole.
Aujourd'hui, les syndicats, suivis par une large partie du personnel, réclament le retrait du plan social car, selon eux, il n'est pas justifié sur un plan économique. Dans la procédure, plaident-ils, le site de Dreux a été présenté comme une entité dépendant d'une branche d'activité télévision (business unit) parfaitement imaginaire ; normalement, il aurait dû être intégré dans un ensemble "électronique grand public" qui gagne de l'argent, d'après les syndicats. Réceptifs à ces arguments, le préfet et le directeur départemental du travail doivent écrire à la direction pour attirer son attention sur ce point.
De tous les fabricants de téléviseurs, Philips est le seul à avoir conservé un site en Europe de l'Ouest, fait valoir un porte-parole du groupe. Mais, aujourd'hui, ce n'est plus tenable, dit-il. D'après lui, l'établissement de Dreux a perdu 19 millions d'euros en 2009.

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