Les actions Renault souffrent. Plusieurs analystes ont récemment changé d'opinion sur le constructeur. Le marché automobile en 2010 ne fait pas rêver et Renault leur paraît être moins bien positionné que ses concurrents.
Encore une journée difficile pour Renault en Bourse. Les titres de la firme au losange ont continué de creuser leurs pertes ce mercredi, dévissant de plus de 3,8% à la clôture (lanterne rouge du CAC 40), sous les 37 euros, après avoir déjà lâché 2,2% la veille. Bilan: depuis le début de l'année, ils sous-performent le marché... et le secteur. Les actions Renault cèdent en effet depuis le 4 janvier (premier jour de cotation en 2010) 3,5%, quand le CAC 40 a plié de 1,6% et alors l'indice sectoriel des constructeurs et équipementiers automobile a carrément grimpé de 7,7% !
En Renaut affiche de loin la plus mauvaise performance boursière parisienne de son secteur: en deux semaines et demi, Peugeot est monté de 3,6%, tandis que les équipementiers tels Faurecia (+3,8%) et Michelin (+6,5%) pour les pneus font très bonne figure.
Il faut dire, qu'en plus d'une actualité houleuse pour le constructeur, les analystes spécialisés dans les valeurs automobiles n'y sont pas allé de main morte. Entre Nomura, qui a abaissé mardi sa recommandation sur les titres Renault d'achat à neutre, UBS, qui a «downgradé» la valeur de neutre à vendre ce mercredi et Natixis, qui a réitéré son opinion sous-performance sur un secteur qui «a terminé 2009 en trompe-l'oeil», les investisseurs sont plus que jamais appelés à la prudence.
Une valeur à fuir ?
Pour UBS, oui. Le broker a rétrogradé de deux crans son opinion, tout en réduisant son objectif de cours de 38 à 30 euros, soit 21% de dévalorisation en un seul coup. «Le groupe n'a pas été capable en dix ans de générer suffisemment de cash à cause d'une croissance du chiffre d'affaires trop faible», argumente UBS dans sa note du jour, soulignant que la tendance ne devrait pas changer. «Les produits de Renualt prennent de l'âge et les nouveaux modèles auront du mal à conpenser les conditions difficiles de marché», ajoute le broker.
Chez Nomura, le conseil est sans appel: la note de recherches sur les actions automobiles européennes du jour énonce clairement que les actions Renault doivent être délaissées, au profit de titres Peugeot, relevé de neutre à achat, ou encore BMW (même relèvement), voire Valeo (neutre). Selon le courtier, 2009 n'a pas été si solide que ça compte tenu des soutiens de l'Etat français. Et pour 2010, «le seul produit qui marchera sera la familiale Megane/Scenic».
L'Etat dans les roues de Renault:
Toutefois, Nomura remarque que Renault pourra tirer profit de sa large exposition aux pays émergents (40% de ses ventes totales). «Concernant la réduction des coûts et/ou la relocalisation, la société n'aura quasiment aucune marge de manoeuvre alors que l'Etat français surveillera de très près les moindres mouvements», ajoute le cabinet l'étude, rappelelant que le groupe est à 15% dans les mains du public.
Une pression politique qui n'est pas anodine dans la baisse des cours de Renault depuis deux jours, alors que des rumeurs sur une possible production de la nouvelle Clio IV en Turquie éclataient.Dès lors, l'Etat s'est engouffré dans le dossier, pour empêcher cette délocalisation. Carlos Ghosn a ainsi ensuite rassuré, à l'issue de sa rencontre avec l'Elysée samedi dernier, en indiquant que le modèle serait produit à Flins (région parisienne) et en Turquie. Finalement, lundi, Renault a annoncé la mise en place d'un comité stratégique industriel au sein de son conseil d'administration... auquel participera l'un des administrateurs de l'Etat.
2010, une année difficile pour le secteur:
Les prévisions de Natixis Securities font état d'une baisse du marché européen de 9% en 2010 malgré un début d'année 2009 qui sera «encore porté par les primes à la casse et qui devrait afficher une croissance solide». En effet, les constructeurs devraient évoluer, à partir de la fin du premier semestre, dans un contexte peu porteur en volumes, associé à des menaces pesant sur les prix nominaux (accoutumance des consommateurs aux tarifs subventionnés) et sur le durcissement des contraintes en terme d'émissions de carbone, selon le bureau d'analyse.
Ce dernier broker reste toutefois à renforcer sur Renault, et vise toujours 46 euros.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire