François Fillon, mercredi à Matignon, entouré de Gérard Larcher (à gauche) et de François Sauvadet.
Le premier ministre s'est réjoui, mercredi, lors de la cérémonie des vœux aux parlementaires, de l'évolution du PS sur le dossier.
Chiche ! C'est en substance la réponse de François Fillon à Martine Aubry après les déclarations de la première secrétaire du PS favorable au passage de l'âge du départ à la retraite à «61 ou 62 ans». Le premier ministre, qui prône à longueur de discours l'unité nationale et l'intérêt général, ne pouvait pas rester insensible au spectaculaire revirement du Parti socialiste.
Profitant de la cérémonie des vœux aux parlementaires de la majorité, François Fillon a répondu à… l'opposition. «J'entends dire que le PS pourrait participer à la recherche d'une solution consensuelle. Franchement, je m'en réjouis. Si le PS persévère dans cette voie, ce sera le signe que notre démocratie progresse et se modernise», s'est-il félicité, manifestement surpris par l'audace de la chef de l'opposition.
Artisan de la réforme des retraites de 2003, François Fillon n'avait pas rencontré, à l'époque, pareille bonne volonté. Et il ne s'est pas privé de le rappeler, mercredi, aux parlementaires de l'UMP et du Nouveau Centre :«En 2003, j'avais tendu la main au Parti socialiste en leur proposant de faire ce qui a été fait dans tous les autres pays européens, à savoir un pacte républicain autour de la question des retraites.» Sa proposition de pacte républicain avait fait long feu.
Presque pris à contre-pied:
Sept ans plus tard, François Fillon est du coup presque pris à contre-pied. «On ne pensait pas que le PS lancerait le débat si tôt, admet un conseiller. On sait que Martine Aubry connaît bien le sujet. Le premier ministre est prêt à lui tendre la main.»
À l'Élysée, le son de cloche est légèrement différent : «C'est intéressant mais on n'est pas dupe. Ce qui est mis dans la balance aujourd'hui par le PS, c'est-à-dire la question de la pénibilité du travail, ne suffira pas à résoudre le problème.» À l'Élysée comme à Matignon, on a relevé toutefois que les prises de position de Martine Aubry n'avaient pas provoqué autant de remous importants dans son parti. Les manifestations les plus hostiles émanant, sans surprise, de l'aile la plus à gauche du PS.
Dans l'immédiat, aucun contact n'a été pris concrètement entre Matignon et la direction du PS. Martine Aubry, qui a demandé à être reçue par le chef de l'État, aura bien sûr un rendez-vous mais après les élections régionales du mois de mars, fait-on valoir à l'Élysée. Le calendrier de la réforme ne prévoit rien avant la remise du rapport du Comité d'orientation des retraites en avril. L'Élysée et Matignon n'envisagent pas de modifier cet agenda.
Rappel à l'ordre:
D'ici là, il y aura les élections régionales. Fillon, qui fera campagne en première ligne, a appelé mercredi les parlementaires de sa majorité à «Je demande à chacun de réfléchir à deux fois avant de prendre des positions à la veille de ce rendez-vous électoral qui seraient de nature à diviser la majorité présidentielle. Bien sûr, nous devons avoir des débats entre nous, mais il y a des débats qui sont plus utiles que d'autres.» Voilà un rappel à l'ordre qui visait implicitement Jean-François Copé, le patron du groupe UMP à l'Assemblée, auteur de la proposition de loi contre la burqa. Fillon a recommandé sur ce point «d'agir sans précipitation, dans le dialogue et le respect de chacun».
Autre sujet potentiellement explosif pour la majorité : la réforme des collectivités dont les sénateurs viennent d'entamer la discussion. «Je vous demande d'essayer d'avoir dix ans d'avance sur l'opposition pour conclure à un nouveau pacte territorial qui nous permettra d'être plus efficace et plus performant», a exhorté le premier ministre au seuil d'une discussion qui s'annonce plus que délicate.
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