Les investissements d'avenir devraient rapporter 0,3 point de PIB par an «sur la décennie».
Investir pour augmenter le potentiel de croissance de la France. C'était la philosophie dictée par le chef de l'État lorsqu'il avait annoncé, en juin dernier, le lancement d'un emprunt national pour financer les priorités d'avenir. Quelques mois plus tard, ces priorités sont définies et le dispositif les encadrant a été monté. Selon les calculs présentés mercredi à Bercy, les 35 milliards d'argent public que l'État s'apprête à injecter dans les secteurs d'avenir entraîneront une amélioration de la compétitivité susceptible de faire gagner 0,3 point de croissance par an sur «la décennie». Les perspectives ne s'arrêtent pas là : «Grâce au surcroît de croissance et donc de recettes à long terme, l'emprunt national s'autofinancera à l'horizon d'environ onze ans», ajoute-t-on au sein du gouvernement.
Le collectif budgétaire présenté mercredi en Conseil des ministres par Éric Woerth revient en détail sur le programme d'investissements : comme prévu l'enseignement supérieur et la formation se taillent la part du lion en obtenant 11 milliards, dont 7,7 milliards pour développer de «cinq à dix campus d'excellence» et un milliard pour «constituer le plus important campus scientifique et technologique européen sur le plateau de Saclay». La recherche décrochera de son côté 7,9 milliards d'euros, les PME 3,5 milliards, l'industrie 3 milliards, notamment pour financer des projets comme les avions, hélicoptères et véhicules «du futur». Des investissements à hauteur de 5,1 milliards sont également prévus dans le domaine du développement durable, dont plus de la moitié pour doper les énergies renouvelables, un milliard pour le «nucléaire de demain» et un autre pour encourager des «transports et urbanismes durables». Enfin, l'économie numérique va pouvoir compter sur 4,5 milliards, notamment pour développer les réseaux à très haut débit.
Un «effet de levier»:
Au total, le gouvernement espère un «effet de levier», c'est-à-dire une mobilisation de fonds privés, pour atteindre un montant global de 60 milliards d'investissements. Le pilotage et le suivi de l'exécution des investissements d'avenir seront confiés à un commissaire général à l'investissement, René Ricol, «sous l'autorité du premier ministre». Un comité de surveillance, placé sous la coprésidence d'Alain Juppé et de Michel Rocard, sera chargé de l'évaluation des investissements.
Pour financer son enveloppe, l'État recyclera les 13 milliards d'aides récemment remboursées par les banques et empruntera le solde (22 milliards) sur les marchés financiers. Ce sont des agences (ANR, Oséo.) qui seront chargées de gérer l'argent, qui leur sera versé dès que le Parlement aura adopté le texte. «Les sommes seront ensuite décaissés au fur et à mesure des projets», a expliqué le ministre du Budget. Les agences devront investir 63 % des sommes sous forme de dotations, prêts ou prises de participations - le reste sera de la pure subvention - afin de ne pas peser trop sévèrement sur le déficit public calculé selon les critères de Maastricht.
Pour les caisses de l'État, c'est néanmoins un trou de 35 milliards qu'il faudra assumer. Afin de compenser la charge d'intérêt de l'emprunt, Bercy a décidé d'imposer des «économies supplémentaires aux ministères», qui devront réaliser un «effort inédit».
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