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mardi 19 janvier 2010

Une amputation réussie il y a 7000 ans, en Seine et Marne.



A l'aide d'un outil en silex, un homme déjà âgé a été amputé du bras gauche, par sciage de l'humerus. Il s'en est très bien sorti, et à survecu assez longtemps à l'opération. Cette histoire s'est passée, il y a près de 7000 ans, sur le site actuel de Buthiers-Boulancourt, en Seine-et-Marne, fouillé par l'Inrap.
Les archéologues qui ont pu la reconstituer avec précision viennent de publier leur découverte dans la revue Antiquity (1). C'est la plus ancienne amputation réussie connue sur le territoire français, deux autres étant connues ddans le Néolithique ancien d’Europe occidentale : Sondershausen dans l’est de Allemagne et Vedrovice, en Moravie (République tchèque).

Sur le site de Buthiers-Boulancourt les archéologues (Cécile Buquet-Marcon, Philippe Charlier et Anaïck Samzun, auteurs de l'article paru dans Antiquity) ont découvert «sept maisons néolithiques, deSite et fosse tradition danubienne, caractéristiques de la fin de la culture «Blicquy -Villeneuve-Saint-Germain» datée de 4900-4700 avant J-C. Deux petits groupes sépulcraux ont aussi été fouillés. Ils contenaient deux et trois sépultures en fosse individuelle caractéristiques», explique le communiqué de l'Inrap.
L'un des personnages a tout de suite intrigué l'équipe. Sa fosse sepulcrale, vaste, indique en effet qu'il jouisssait d'un statut particulier dans le groupe humain auquel il appartenait. Des traces d'ocre sous son crâne, une longue et belle hache polie en schiste et un pic en silex posé sur son bras, et le squelette d'un agneau ou d'un cabri sur ses pieds. Des objets peu banals, la hache de schiste de 20 cm pourrait provenir des Ardennes, le pic de silex atteint les 30 cm, était soigneusement poli... et fut très peu utilisé (voir image ci dessous). Bref, des objets de prestige.

L'homme souffrait d'arthrose, avait perdu de nombreuses dents et  était assez âgé. Surtout, il présentait une infirmité, son avant-bras gauche manquant. En poursuivant une étude très précise de l'humérus, avec des moyens radiologiques et microtomographiques, les archéologues ont reconstitué l'os en 3 D, montré sa section par un outil coupant et révélé des signes de cicatrisation osseuse postérieure.
De cet examen ressort une description précise de l'acte, ainsi présentée par les chercheurs, sous la forme d'un communiqué quasi médical : «Cette opération peut être reconstituée : la découpe s’est effectuée de la face antérieure vers la postérieure et le poids de l’avant-bras, peut-être aidé du chirurgien, a causé la rupture des derniers millimètres de corticale, comme on peut l’observer en coupant une pièce de bois. Le bras était probablement en extension, pour obtenir une ouverture maximale du coude. La cicatrisation osseuse signale la survie du patient. L’absence d’infection, témoigne d'une bonne asepsie.»
Les premiers agriculteurs européens étaient donc capables d'actes chirurgicaux assez sophistiqués. On espère qu'ils disposaient aussi de quelques moyens anesthésiques...

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