Vincent Schramm, directeur général du Syndicat des entreprises de technologie et de production.
L'écart de compétitivité avec l'Allemagne s'explique notamment par le manque de solidarité au sein des filières.
Les grandes entreprises industrielles françaises sont-elles en partie responsables de la perte de compétitivité des PMI françaises face à leurs concurrents allemands ? La question se posera la semaine prochaine, lors du salon Industrie à Villepinte.
«Les grands donneurs d'ordres français ne jouent pas la carte de leur filière industrielle, ce qui bloque les processus d'investissement», dénonce Vincent Schramm, directeur général du Syndicat des entreprises de technologie et de production (Symop). L'organisation du travail en filière de production, induisant plus de solidarité entre les grands groupes et leurs fournisseurs, est un des grands thèmes des États généraux de l'industrie. «Afin de réduire leurs coûts de production, les grands donneurs d'ordres s'acharnent à baisser leurs prix d'achat et à encourager la délocalisation. Ils ne prennent pas en compte les coûts induits, comme le transport, la non-qualité, les frais de suivi…», renchérit Didier Bouvet, directeur de zone chez Bucci Industrie, un constructeur de robots industriels. Au contraire, les grandes entreprises allemandes garantissent à leurs sous-traitants des débouchés pour plusieurs années, recréant un cercle vertueux de production industrielle locale.
«En France, un fournisseur peut perdre son principal client du jour au lendemain, sans préavis, quelle que soit sa prise de risque financière. Comment un patron peut-il investir sereinement dans de telles conditions, sans visibilité à moyen terme ?», s'interroge Didier Bouvet. Or, la robotisation est une des clés de la compétitivité qui permet de résister à la concurrence asiatique. «Les patrons de PMI hésitent souvent à robotiser pour préserver l'emploi. À long terme c'est un mauvais calcul», ajoute Vincent Schramm.
Robots : le retard français :
Une étude réalisée pour la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) et le Symop met en avant le retard des entreprises françaises dans le domaine de la robotisation. Elles sont six fois moins robotisées que leurs concurrentes allemandes et deux à trois fois moins que les italiennes.
Le parc de robots industriels français est âgé de 17 à 18 ans en moyenne contre 10 en Allemagne, ce qui augmente encore les écarts de compétitivité. Pourtant, depuis 1990, le prix d'un robot a baissé de 80 % pour atteindre 50 000 euros en moyenne (130 000 euros tenant compte de tous les frais d'installation). En outre, 63 % des robots sont utilisés par les donneurs d'ordres de l'automobile. Seul un tiers des 34 500 robots utilisés en France le sont par des entreprises de moins de 1 000 salariés.
Par ailleurs, «les PMI françaises peuvent encore réaliser de nombreux gains de productivité, plaide Didier Bouvet. Par exemple, la mise en place d'une production en ligne et non plus par ateliers peut permettre de réaliser des gains importants.» Les charges sociales, près de deux fois plus élevées en France qu'en Allemagne (42,2 % contre 23,20 %) sont donc loin d'être la seule explication aux écarts de performance industrielle entre les deux pays.
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