Avec le rebond du trafic, l'Association du transport aérien international a réduit de moitié sa prévision de pertes nettes pour 2010. Elle table même sur un résultat d'exploitation nettement bénéficiaire.
Pour une fois, le directeur général de l'Association du transport aérien international, Giovanni Bisignani, avait plutôt des bonnes nouvelles à annoncer lors de son dernier point de presse, hier à Genève. Non seulement l'IATA a revu à la baisse son estimation des pertes nettes cumulées des compagnes aériennes en 2009, ramenée de 11 à 9,4 milliards de dollars, mais surtout, elle a divisé par deux sa prévision de pertes nettes pour 2010, à 2,8 milliards de dollars. Hors éléments exceptionnels, comme les pertes sur les couvertures carburant qui plombent notamment les comptes d'Air France-KLM, le secteur devrait même dégager un résultat d'exploitation nettement positif cette année, de l'ordre de 8,2 milliards. « Il n'est pas encore l'heure de se réjouir, mais c'est très positif pour l'industrie », a souligné le directeur de l'IATA.
Meilleure recette unitaire:
Fin janvier, l'association tablait encore sur une perte cumulée de 5,6 milliards de dollars pour cette année. Mais la reprise du trafic, amorcée fin 2009, s'est nettement amplifiée en ce début d'année, avec une hausse du trafic passagers de 6,4 % en janvier et de 28,3 % sur le fret. « L'amélioration est plus importante qu'attendu », se félicite Giovanni Bisignani, qui table désormais sur une croissance du trafic passagers de 5,6 % cette année et de 12 % sur le cargo. « Cette amélioration de la demande a redonné aux compagnies un peu de pouvoir sur les prix », poursuit-il. En conséquence, la recette unitaire, qui avait chuté de 14 % l'an dernier, a commencé à se redresser et pourrait regagner 2 % sur le passage cette année, selon l'IATA, qui prévoyait auparavant une stagnation en 2010. Autant d'éléments qui devraient se traduire par une remontée du chiffre d'affaires du secteur : il avait fondu de 85 milliards l'an dernier, à 479 milliards, et pourrait remonter à 522 milliards cette année, soit peu ou prou le niveau de 2007.
Seule ombre au tableau : cette reprise semble encore très inégale, et concerne, pour l'heure, essentiellement l'Asie, l'Amérique latine et le Moyen-Orient, tandis que l'Europe et l'Amérique du Nord restent à la traîne. En conséquence, l'IATA n'a que très peu retouché ses sombres prévisions pour les compagnies européennes et nord-américaines, qui devraient encore essuyer respectivement 2,2 milliards et 1,8 milliard de pertes en 2010, tandis que les concurrentes asiatiques et latino-américaines redeviendront globalement bénéficiaires.
Prix du carburant à la hausse:
Par ailleurs, les sujets de préoccupations ne manquent pas. Le premier est le prix du carburant, reparti à la hausse en début d'année. Le deuxième est le risque de surcapacité, avec les livraisons prévues de quelque 1.400 nouveaux avions en 2010, comme en 2009. Le troisième est la capacité des transporteurs à tenir leur objectif de réduction de coûts, de 10 % en moyenne, sans trop dégrader les relations sociales et in fine leur qualité de service, s'ils veulent pouvoir retrouver un jour leur niveau de clientèle haute contribution, sur laquelle reste basé le modèle économique du transport aérien international.
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