La chancelière Angela Merkel a rejeté l'idée d'une aide rapide à la Grèce. Elle a également souhaité qu'il soit possible d'exclure un pays de la zone euro «en dernier recours» et en cas d'infractions répétées aux règles de Maastricht.
L'Allemagne freine des quatre fers dans le dossier grec. Un soutien rapide à la Grèce «n'est pas la bonne réponse», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel devant les députés allemands ce mercredi. Il faudrait d'autre part pouvoir exclure un pays de la zone euro «en dernier recours» lorsqu'il «ne remplit pas les conditions, encore et encore».
«Une manifestation de solidarité rapide ne peut pas être la bonne réponse», a jugé la chancelière. Il faut plutôt «attaquer le problème par les racines». Traduction : la Grèce doit mener elle-même les réformes structurelles nécessaires au redressement de ses finances. Il ne faut pas «apporter une aide prématurée, mais mettre de l'ordre dans tout cela, autre chose serait fatal», a martelé Angela Merkel.
Une opinion publique hostile:
Le gouvernement allemand milite depuis le début de la crise grecque pour une aide minimale au pays, encouragé en cela par son opinion publique très hostile à toute main tendue. Berlin craint qu'en venant trop rapidement au secours du pays méditerranéen, l'Union européenne encourage d'autres Etats laxistes à ne pas prendre le chemin de la rigueur.
Pour éviter ce genre de dérive, la chancelière a estimé qu'il fallait pouvoir exclure un pays de la zone euro. Elle a ainsi repris à son compte la proposition faite vendredi par son ministre des Finances Wolfgang Schaüble. Actuellement, il est juridiquement quasiment impossible pour un pays de sortir ou de se faire exclure de la zone euro.
Le Pacte de stabilité et de croissance «inadapté»:
Selon Berlin, les règles actuelles du traité et du Pacte de stabilité et de croissance ne représentent pas une menace suffisante pour inciter les Etats laxistes à réformer, selon Berlin. Les règles de déficit excessif, par exemple, prévoient des amendes et des pénalités financières. Des mesures inadaptées, selon Angela Merkel : un pays comme la Grèce «ne peut pas payer quand il n'a pas d'argent».
La chancelière réaffirme ainsi sa volonté de promouvoir au sein de la zone euro la stratégie allemande d'excédent commercial, de baisse des coûts du travail et de rigueur budgétaire. Un modèle critiqué lundi par la ministre française de l'Economie Christine Lagarde : «Je ne suis pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme et pour l'ensemble du groupe (de la zone euro)», a-t-elle déclaré au Financial Times.
Christine Lagarde «a posé une vraie question», a estimé mercredi Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, au micro de BFM. «Bien sûr, il ne s'agit pas que chacun soit exactement à un équilibre zéro, mais il faut rechercher les moyens d'avoir un meilleur équilibre de la production et de la consommation dans l'ensemble de la zone euro», a-t-il expliqué.
Cette dernière sortie d'Angela Merkel complète également la vision allemande des nouveaux mécanismes à mettre en place dans la zone euro pour éviter la répétition du problème grec. Berlin a milité ces dernières semaines pour la création d'un Fonds monétaire européen (FME), qui accorderait une aide à un Etat en difficulté en contrepartie de réformes budgétaires sévères.
Les banques allemandes exposées:
L'intervention d'Angela Merkel devant le parlement allemand intervient également deux jours après l'accord trouvé par les ministres des finances de la zone euro sur les modalités de l'aide à apporter à la Grèce. Aucun montant n'a été diffusé officiellement, mais le chiffre de 20 milliards d'euros circule à Bruxelles.
Car, si l'opinion publique allemande répugne à l'idée de venir en aide à la Grèce, les banques allemandes sont parmi les plus exposées au risque d'une éventuelle banqueroute grecque. En 2009, elles détenaient 30 milliards d'euros de titres du Trésor grec.
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