Des avions cloués au sol à l'aéroport londonien de Stansted. L'estimation du préjudice, et donc des aides, ne pourra se faire qu'après la reprise du trafic.
Selon une dernière estimation, elles auraient perdu un milliard de dollars depuis le début de l'éruption du volcan islandais. Bruxelles a donné lundi son feu vert à des aides des États à titre exceptionnel. Les professionnels envisagent des mesures de chômage technique pour faire face à la crise.
C'est l'événement de trop. Déjà mises à mal par une crise économique sans précédent pour leur secteur, les compagnies aériennes se sont tournées vers l'État et vers Bruxelles pour demander une aide à la hauteur du préjudice subi. Lundi, Pierre-Henri Gourgeon, le patron d'Air France, a estimé que sa compagnie perdait 35 millions d'euros par jour et a réclamé «la fin d'un dispositif qui n'est plus adapté à la situation». 500 000 emplois directs seraient «à la veille du chômage technique» chez Air France.
De son côté, British Airways estime perdre 15 à 20 millions de livres par jour (17 à 26 millions d'euros). La compagnie scandinave SAS, qui perd 5 à 9 millions d'euros par jour, a averti qu'elle pourrait être contrainte de mettre 2 500 personnes au chômage technique si la paralysie perdurait.
Encadrement strict :
Giovanni Bisignani, directeur général de l'Iata, qui représente 230 compagnies aériennes dans le monde, estime la perte de chiffre d'affaires des compagnies aériennes à 250 millions de dollars (186 millions d'euros) par jour. Cette prévision porte à plus d'un milliard de dollars le manque à gagner des compagnies depuis le début de l'éruption.
Du coup, Bruxelles n'a pas exclu lundi de donner son feu vert à des aides versées par les États à titre exceptionnel. «Je suis en train d'examiner avec soin ce que nous avons fait après le 11-Septembre» 2001, dans le sillage des attaques terroristes aux États-Unis, a assuré le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia. «Nous pouvons utiliser des instruments similaires. Nous devons faire face à des circonstances exceptionnelles», a-t-il ajouté. L'article 107 du traité autorise en effet un État membre à soutenir une entreprise en cas de catastrophe naturelle telle qu'inondations, tornades ou tremblements de terre par exemple. Lundi, la Commission s'est dite prête à clarifier ce texte «dans les prochains jours».
Éviter les aides déguisées:
Une chose est sûre : l'encadrement sera très strict. Les aides devront être versées de façon non discriminatoire à toutes les compagnies d'un même État membre, limitées au coût constaté lors de l'interruption du trafic et calculées de manière «précise et objective», précise-t-on à la Commission. Surtout, elles ne devront pas constituer une aide déguisée à la restructuration d'une compagnie qui était déjà en difficulté avant la crise.
Si ces conditions sont remplies, la Commission pourrait alors donner son feu vert «rapidement», selon une porte-parole. «Je ne m'attends pas à des décisions ce soir», a-t-elle toutefois ajouté. Car le processus passe par plusieurs étapes. La première consiste à estimer les dommages causés par la suspension du trafic ; cela ne pourra être fait que quand l'activité aura repris. Et il faut bien évidemment que les États se placent dans l'optique d'aider financièrement les compagnies.
L'entretien des avions immobilisés:
Une option que les capitales commencent prudemment à envisager. Au sein du gouvernement allemand, le ministre de l'Économie Rainer Brüderle n'a pas exclu lundi l'idée d'un soutien public au secteur si la paralysie durait très longtemps. Au manque à gagner provoqué par le gel du trafic s'ajoutent en effet l'entretien des avions immobilisés loin de leur base et le dédommagement à offrir aux passagers : soit le remboursement de leur vol, soit une compensation pour l'hébergement sur place.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire