Une plateforme pétrolière dans la zone d'Alwyn, au large de l'Ecosse. Mots clés : Pétrole, Gaz, matières premières, ROYAUME-UNI, Patrice De Viviès, TOtal.
Malgré la baisse des ressources et les coûts de production élevés, le pétrolier poursuit le développement de ses activités dans la région. Total compte sur le départ des concurrents pour devenir le maître de la région.
Toujours plus loin et toujours plus profond. Cela pourrait être le nouveau slogan de Total en Mer du Nord. Le groupe fait face à un déclin vertigineux des ressources naturelles de gaz et de pétrole dans une région où il tire pourtant 25% de sa production totale. En dix ans, la production de gaz et de pétrole y a chuté de 4,5 millions de barils par jour (mbj) en 1999 à 2,5 mbj en 2009.
«Nous évoluons dans une région mature mais qui est encore pleine de potentiel», assure Patrice de Viviès, directeur Europe du nord au sein de la branche exploration et production de Total. Son avis est partagé par Oil and Gas UK qui estime le potentiel du seul plateau britannique à 25 milliards de barils de pétrole et de gaz.
A la recherche de nouveaux gisements:
Pour «combattre le déclin», il faut donc aller chercher ces ressources où elles se trouvent: dans les zones les plus reculées de la Mer du Nord. Total concentre ses efforts et ses espoirs sur les nouveaux champs gaziers de Laggan/Tormore, découverts en 2004. Localisés à 125 kilomètres à l'ouest des îles Shetland, ces champs sont situés à une profondeur d'eau de 600 mètres, pour des réserves globales estimées à 230 millions de bep (baril équivalent pétrole). Le développement de ce chantier a été lancé fin mars. Les travaux de construction de l'infrastructure gazière offshore ainsi que d'une nouvelle usine de traitement de gaz à Sullom Voe doivent commencer prochainement. L'entrée en production est,elle, prévue pour 2014.
Total a consacré 2,5 milliards de livres (2,85 milliards d'euros ) au projet. «Il s'agit d'un énorme défi. Les conditions climatiques sont très difficiles avec d'énormes vagues, beaucoup de vent, des températures très basses et des eaux très profondes», explique Patrice de Viviès.
En plus de ces nouveaux champs, Total exploite à fond les zones où il est déjà présent, notamment Alwyn et Elgin-Franklin. De nouveaux puits sont creusés, utilisant des techniques nouvelles d'exploration. «Le puits N52, lancé il y a deux mois, est creusé à l'horizontal à une distance de 5,4 km de la plateforme d'Alwyn North», explique avec fierté Olivier Mouraille, manager de l'infrastructure. «La zone produit 15 millions de mètre cube de gaz et 25.000 de bep par jour. Alwyn a 20 ans. Notre objectif est d'assurer la production pour 20 années encore», explique-t-il.
Le groupe investit aussi largement dans la zone d'Elgin-Fraklin avec une nouvelle plateforme. Le site est déjà le plus grand développement haute pression/haute température (HP/HT) du monde. «Développer ces nouvelles technologies nous permettra d'accroître encore nos capacités», justifie Roland Festor, directeur général de Total UK.
Investissements colossaux:
Mais se maintenir en Mer du Nord suppose des investissements colossaux. Les coûts techniques sont d'environ 30 dollars par baril. Plusieurs compagnies, peu rassurées par l'enjeu, commencent à se désintéresser de la région. C'est ainsi que Total a pu racheter les participations de Chevron North Sea Limited (10%) et d'ENI UK Limited (20%) pour détenir 80% de Laggan/Tormore aux coté de son partenaire britannique Dong E&P. «On pourra dire que l'on est très fou ou très malin», sourit Patrice de Viviès. «Ce n'est clairement pas l'endroit idéal pour faire du cashflow mais nous sommes persuadés que le marché, gazier notamment, va se relever», explique encore Roland Festor.
En attendant, Total compense avec les aides gouvernementales britanniques attribuées sous la forme d'allègements fiscaux afin de soutenir les projets d'exploration dans des zones compliquées. Cet engagement est loin d'être désintéressé: l'industrie pétrolière rapporte 7 milliards de taxes au Royaume et assure l'emploi de 450.000 britanniques à travers le pays. Selon le ministère de l'Energie et du changement climatique, la mer du Nord satisfait les trois quarts des besoins énergétiques du pays.
L'équipe dirigeante de Total compte sur le départ des concurrents pour devenir le maître de la région. Actuellement deuxième producteur mondial en mer du Nord derrière l'américain Exxon, le groupe devrait, selon les observateurs, devenir numéro un dès 2012.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire