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mercredi 2 mars 2011

Merkel sonnée après le départ de la «star» de son équipe.

Karl-Theodor zu Guttenberg, ministre de la Défense et poids lourd du gouvernement allemand, a annoncé mardi sa démission après les accusations de plagiat autour de sa thèse de docteur. Angela Merkel a défendu jusqu'au bout son ministre.

Un séisme politique a frappé l'Allemagne avec la démission du ministre fédéral de la Défense et étoile filante de la politique, Karl-Theodor zu Guttenberg. Il tire les conséquences de l'affaire de plagiat liée à sa thèse de doctorat, qui lui a valu d'être étrillé depuis la mi-février par la presse et la communauté des scientifiques.
Le coup est violent pour la chancelière, Angela Merkel, qui soutenait encore lundi son ministre. Elle a appris la nouvelle mardi 1er février alors qu'elle s'apprêtait à visiter le Salon de l'électronique Cebit, à Hanovre. « J'ai accédé à sa requête. Je l'ai fait le coeur lourd », a-t-elle précisé de retour à Berlin, ajoutant regretter « vivement » ce départ. Lâchée par ce poids lourd du gouvernement, la voilà contrainte à un urgent remaniement ministériel. Après les élections législatives de 2009, le poste de la Défense avait été dévolu à la CSU, le parti bavarois dont est issu le baron zu Guttenberg.
Celui-ci laisse en jachère le chantier de la réforme de l'armée allemande qu'il a défendue bec et ongles, prévoyant notamment la fin de la conscription obligatoire. Sur le plan politique, la crédibilité de l'« union » CDU-CSU emmenée par Angela Merkel en ressort affectée. C'est un bien mauvais signal avant une série d'élections régionales cruciales, notamment dans le Bade-Wurtemberg.
Pour expliquer son départ, Karl-Theodor zu Guttenberg a pointé du doigt un acharnement médiatique sur sa personne et le contenu de sa thèse, ne supportant pas que le sort parfois tragique des soldats de l'armée allemande, comme c'est le cas en Afghanistan, soit relégué au second rang. Les observateurs ont vu ailleurs les vraies raisons de son retrait. En premier lieu, sa calamiteuse défense à la suite des premières révélations dans la presse de l'affaire de plagiat, le 16 février : niant d'abord toute faute, le ministre avait concédé d'éventuelles erreurs minimes. En réalité, des recherches devaient montrer que plus de 200 pages sur un total de 478 de sa thèse ont été recopiées sans la moindre mention de leurs auteurs. Le 23 février, l'université de Bayreuth lui enlevait son titre de « docteur ». Enfin plus de 20.000 doctorants ont envoyé lundi une lettre d'indignation à la chancelière et le directeur de thèse a lui-même pris ses distances avec son élève. Les ennuis de Karl-Theodor zu Guttenberg risquent de ne pas s'arrêter là, car la justice pénale est saisie après le dépôt de plaintes pour violation de droits d'auteur.
Originaire de Franconie et marié à une héritière de la famille von Bismarck, « KT » zu Guttenberg aura connu une ascension rapide en politique depuis son entrée à la CSU en 1999. Ministre de l'Economie en 2009 dans la grande coalition avec le SPD, il avait tenu tête à la chancelière en refusant un plan d'aide pour sauver le constructeur automobile Opel. Il devenait la même année, à trente-huit ans, le plus jeune ministre de la Défense, dans le nouveau gouvernement constitué avec les libéraux du FDP. Beaucoup voyaient en lui un potentiel chancelier d'Allemagne. Le quotidien populaire « Bild », qui en avait fait son candidat, était mardi matin le premier à annoncer son départ.

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