Vincennes VS La Concorde : le sprint des favoris.

François Hollande et Nicolas Sarkozy seront tous les deux en meeting ce dimanche. Des lieux symboliques, sur le modèle de Jean-Luc Mélenchon à la Bastille. « Les socialistes vont au bois et Nicolas Sarkozy à l’hôtel Crillon, à l’ambassade des Etats-Unis » ironise François Delapierre, porte-parole du Front de Gauche. 
Le marathon de Paris a lieu dimanche matin. 40 000 coureurs vont précéder François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui tiennent meeting dans l’après midi. Au château de Vincennes, Bertrand Delanoë s’exprimera avant François Hollande. Dans le même temps, Nicolas Sarkozy doit prendre la parole à la Concorde, en face de l’Assemblée Nationale. Ce chevauchement de meetings, à la minute près, illustre la course de vitesse qui s’est engagée entre les deux candidats, quelques jours à peine avant le premier tour. C’est l’équipe du candidat socialiste qui, la première, a annoncé la tenue d’un rassemblement en plein air il y a quelques semaines. L’UMP a, en quelque sorte, répliqué, avec un appel à la Concorde le même jour. Pourtant Nicolas Sarkozy réfute un alignement sur le meeting socialiste. « Je n'avais pas observé que M. Hollande faisait un rassemblement le même jour, encore que j'aurais pu m'en douter ».

Les meetings en plein air sont donc les invités de cette campagne électorale. C’est le Front de Gauche qui a donné le ton avec les 120 000 personnes revendiquées lors de la « prise de la Bastille » le 18 mars. Pour François Delapierre, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon « il n’ y a pas de copyright sur les rassemblements du Front de Gauche, cela ne nous dérange pas si nos adversaires prennent des couleurs en descendant dans la rue ». Laurence Rossignol, sénatrice (PS) de l’Oise, ne ressent pas l’influence Mélenchon et affirme que « c’est une vieille tradition socialiste, Jaurès faisait beaucoup de meetings en plein air ».  
L’objectif des meetings du 15 avril semble donc de rassembler le plus de monde possible. Pour ce faire, c’est l’UMP qui se fait remarquer par sa volonté de dépasser les contraintes techniques. Valérie Rosso-Debord, déléguée générale adjointe de l’UMP (et députée de Meurthe-et-Moselle), ne donne pas de chiffres mais assure qu’il y aura beaucoup de monde. « On s’est occupé des problèmes logistiques depuis une semaine, nous affrétons des cars et incitons à faire du co-voiturage, car c’est plus écologique ». Pour mobiliser, les jeunes UMP et les étudiants de l’UNI ont décidé de tracter à chaque station de métro entre 17h30 et 20h. De grandes banderoles seront aussi hissées sur les ponts du périphérique parisien samedi, appelant au rassemblement de la Concorde. Mais les socialistes ne sont pas en reste. De nombreux SMS ont été envoyés pour appeler à la mobilisation.  Ils ont préparé leur rassemblement depuis plusieurs semaines, affrétant de nombreux cars en direction de la capitale, ce qui a même un temps ralentit les capacités de mobilisation déployées par l’UMP. Laurence Rossignol voit dans « l’opération de tractage de l’UMP un évènement exceptionnel, alors que cela fait partie de la vie quotidienne du candidat Hollande ». Pour elle, « le porte à porte, les réseaux sociaux, les mails sont le socle de la mobilisation du Parti Socialiste, y compris pour le meeting de dimanche ». Pas de mobilisation exceptionnelle donc du côté du château de Vincennes.   
Sur la symbolique du choix des lieux de meeting, François Delapierre, du Front de Gauche, ironise : « les socialistes vont au bois et Nicolas Sarkozy à l’hôtel Crillon, à l’ambassade des Etats-Unis ». Un meeting place de la Concorde,  comme à un clin d’œil au passé, ce même lieu où il avait fêté sa victoire en 2007. Mais ce n’est pas l’avis de Valérie Rosso-Debord, qui voit dans cette symbolique « un souhait de réunir l’ensemble des Français qui adhèrent à nos valeurs, à destination de l’Assemblée Nationale, soutien parlementaire qui serait décisif pour soutenir le président nouvellement élu ». Le château de Vincennes, choix de l’équipe socialiste, étonne un peu, loin des traditionnels lieux de rassemblement de la gauche, à la Bastille ou à la Nation. Mais Laurence Rossignol rassure les sympathisants socialistes « le château de Vincennes est un bon choix, car il paraît que nous allons pique- niquer ».
Vincennes ou la Concorde, qui gagnera le match ? Une chose est sûre, la bataille des chiffres de participation devrait faire rage dès dimanche soir.