Estimant que les prix de l'immobilier sont surévalués selon les
secteurs de 5 à 15 %, Bernard Cadeau, le Président du réseau Orpi lance
à l'échelle nationale l'opération "Revisitons les prix". Objectif :
débloquer le marché.
LE CLUB IMMO. Comment qualifieriez-vous l’année 2012 dans votre secteur?
BERNARD CADEAU : Elle a été paradoxale et contrastée, avec
plusieurs faits économiques et politiques marquants. Bien évidemment,
les échéances électorales ont pesé, tout comme le contexte économique et
international, sans oublier de nombreuses décisions gouvernementales
qui ont tardé à venir pour l’immobilier. Nous avons enregistré une perte
importante en volume, puisque l’ensemble du marché de la transaction
immobilière est en recul de 20 à 25%. Le marché s’est bloqué faute de
pouvoir d’achat des acquéreurs mais aussi de lisibilité quant aux
mesures gouvernementales. Tous ces facteurs se conjuguent et engendrent
un marché compliqué. Je crains que les difficultés ne s’accroissent en
ce début 2013.
LE CLUB IMMO. Quelles sont les principales tendances observées par l’étude que vous venez de publier?
B. C. : Il y a toujours un écart important
entre le prix rêvé par le vendeur et le prix réel, jugé acceptable par
l’acquéreur. Aujourd’hui, nous constatons une accentuation de ces deux
phénomènes. La conséquence directe est l’allongement du délai de vente,
qui a crevé le plafond symbolique des 100 jours. Le marché continue de
se tendre énormément.
LE CLUB IMMO. Cette situation peut-elle durer longtemps ?
B. C. : Non, elle ne peut durer ainsi, il faut faire quelque
chose. Le besoin d’acquérir un logement est toujours aussi important,
mais il y a des limites mécaniques, en dépit de taux d’intérêts
historiquement bas. D’ailleurs, si les taux venaient à augmenter ne
seraitce que d’un point, cela représenterait 7% de pouvoir d’achat en
moins pour nos clients acquéreurs, donc l’écart continuerait de
s’accroître. Chez Orpi, nous souhaitons prendre les choses en main en
allant à la rencontre de nos vendeurs, car les prix sur le marché de
l’immobilier ancien, sont, selon les secteurs et les produits,
surestimés aujourd’hui de 5 à 15%. Si l’on veut débloquer ce marché et
gagner en fluidité en 2013, il faut ramener les vendeurs à la raison.
Nous lançons une opération baptisée « revisitons nos prix » qui consiste
à expliquer de façon pédagogique, sans dénoncer, la réalité du marché.
Économiquement parlant, cela a du sens de réviser son prix, car 8
vendeurs sur 10 sont aussi des acquéreurs, donc il n’y a pas de perte
d’argent. Par exemple, sur les quinze dernières années, le prix moyen de
l’immobilier a augmenté trois fois plus vite que le revenu brut des
Français. À un moment donné, la machine ne peut plus fonctionner.
LE CLUB IMMO. Quelles sont vos autres pistes pour relancer le marché ?
B. C. : On vend sa résidence principale 2 à 4 fois dans une
vie. Le placement immobilier est important, il permet d’assurer des
revenus pour la retraite. On a donc besoin de visibilité. Et
malheureusement, aujourd’hui, c’est un peu la cacophonie. Il y a eu des
effets d’annonces, des mesures votées en pleine nuit, des taxes
supplémentaires sur les plus-values, etc. Quant à l’encadrement des
loyers, il n’amènera pas la baisse escomptée des loyers. La solution est
d’agir sur le volume. La France manque cruellement de logements. Il
faut rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande, qui pousse les
prix à la hausse. Il faut réfléchir à la question du logement tous
ensemble. Il y a aussi un stock important de logements à réhabiliter.
Mais surtout, il faut une vraie politique globale du logement, et il est
urgent de lancer des pistes de construction massive pour qu’à terme, il
y ait moins de pression sur les prix.
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