
Marylise Lebranchu, ministre de la fonction publique, lors d'une réunion avec les partenaires sociaux, en septembre 2012.
Trois syndicats de fonctionnaires appellent à la grève le 31 janvier pour faire pression sur la ministre avant une réunion cruciale sur les rémunérations. Le gouvernement veut ouvrir une négociation sur les grilles de salaire.
La lune de miel entre les fonctionnaires et le gouvernement Ayrault,
si elle a jamais existé, est belle et bien terminée. Trois syndicats -
CGT, FSU et Solidaires - appellent les agents à une journée de grève le
31 janvier. Le but? Mettre la pression sur l'exécutif avant la réunion
du 7 février où la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu,
lancera avec les partenaires sociaux la négociation sur les
rémunérations. Un enjeu crucial, alors que le point d'indice - qui sert
de base à la rémunération des fonctionnaires - est gelé depuis début
2011. «Nous n'accepterons pas que 2013 soit une nouvelle année blanche,
prévient Jean-Marc Canon, le secrétaire général des fonctionnaires CGT.
Trois ans de gel, c'est du jamais vu depuis la Libération! Il faut
qu'avant la réunion, la ministre sente que la mobilisation se crée.»
Sans
appeler à la grève, FO est tout aussi remontée mais y va crescendo.
«Nous préférons laisser le dialogue social aller à son terme», assure
Christian Grolier, son homologue de FO. Non sans prévenir de sa réaction
en cas d'échec: «S'il n'y a pas de perspective de hausse du point
d'indice à l'issue de la rencontre, nous sonnerons la mobilisation
générale.» À la CFDT, on se dit aussi vigilant. «Sur l'égalité
hommes-femmes ou la santé au travail, les choses avancent, reconnaît
Brigitte Jumel, la patronne des fonctionnaires CFDT. Mais cela ne peut
faire oublier le pouvoir d'achat.»
Il n'empêche, un geste dès 2013
semble improbable. «La revalorisation du point d'indice n'est pas
prévue dans le budget 2013», a déjà prévenu à plusieurs reprises Jérôme Cahuzac,
le ministre délégué au Budget. Non sans raison. Une hausse de 1 % du
point d'indice coûte 1,8 milliard par an aux budgets de l'État, de la
Sécu et des collectivités locales réunis. Un choc impossible à
encaisser, surtout en 2013 où le gouvernement doit réaliser 10 milliards
d'économies dans les dépenses publiques pour ramener le déficit dans
les clous maastrichtiens.
Le gouvernement peut toutefois dégainer
d'autres propositions. Le jour de carence (non-remboursement du premier
jour d'arrêt maladie) apparait comme une probable monnaie d'échange.
Unanimement rejeté par les syndicats depuis son instauration en 2012, il
pourrait être supprimé ou amendé. Problème: les directeurs
d'administration réclament son maintien car il aurait diminué
l'absentéisme… Autre porte de sortie, proposer une augmentation du point
d'indice à partir de 2014, mais uniquement si la croissance est au
rendez-vous.
Jour de carence:
Pour l'instant, le
gouvernement n'a rien décidé. Seule certitude: la ministre lancera alors
une négociation sur la refonte des grilles de salaires et des systèmes
d'avancement de la fonction publique.
Une œuvre de longue haleine, réclamée par les syndicats. De fait, la
hausse du smic de 0,3 % au 1er janvier a obligé le gouvernement à revoir
le traitement de 19 % des fonctionnaires, afin qu'ils ne soient pas
payés sous le salaire minimum. Ce qui montre l'ampleur du tassement des
rémunérations dans la fonction publique.
Mais rien ne dit que
l'ouverture d'un tel chantier, couplé à quelques propositions
alternatives, suffise à désamorcer la grogne montante des syndicats.
D'autant que la rémunération n'est pas leur seul sujet de
mécontentement. La poursuite de la réforme de l'État et les 12.000
suppressions de postes cette année dans les ministères non prioritaires
font grincer de plus en plus de dents. Bref, de quoi aider à mobiliser
le 31...
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