
La Cour recommande de diminuer le nombre de disciplines «de haut niveau» pour soutenir les sportifs les plus performants. Pour l'institution, les médailles sont concentrées sur un petit nombre de sports, et il y a trop peu de médailles d'or (ici, les médaillés olympiques des JO de Londres à leur retour à Paris en août 2012).
Un rapport de l'institution préconise de concentrer les moyens de l'État en matière de sports sur quelques priorités : les territoires sous-équipés, le soutien des sportifs les plus performants et des rapprochements entre fédérations.
«Trop de dispersions des moyens.» Six mois après la fin des Jeux olympiques et huit mois après l'arrivée d'un nouveau gouvernement, la Cour des comptes a rendu public ce mardi un rapport inédit,
et assez sévère, sur la performance des politiques étatiques en matière
de sport. C'est une première pour l'institution, qui s'est penchée sur
les deux missions principales des pouvoirs publics dans ce domaine: le sport pour tous, avec l'accession au plus grand nombre de citoyens à une large variété de disciplines sportives, et le sport de haut niveau, qui vise à faire figurer la France parmi les nations les plus performantes sur la scène sportive internationale.
En
temps de crise, la Cour des comptes reconnaît la présence cruciale de
l'État dans le sport (4,3 milliards d'euros, soit 12,5 % de la dépense
sportive hexagonale), mais préconise une adaptation de sa stratégie,
notamment pour corriger les déséquilibres et le «saupoudrage», principal
défaut des politiques actuelles. «L'État est appelé à intervenir moins
comme financeur majeur -notamment pour le sport pour tous- que comme
régulateur et correcteur des déséquilibres», estime ainsi la Cour des
comptes.
Trop peu d'équipements à Paris et dans les zones urbaines sensibles:
Parmi
les principales inégalités pointées du doigt: l'accès à la pratique
sportive pour certains publics - femmes, handicapés, zones urbaines
sensibles (ZUS)-,
et les disparités selon les territoires en matière d'équipements. Pour y
remédier, les conseillers préconisent que les 242 millions d'euros de
subventions accordées chaque année aux clubs, fédérations ou autres
équipements - versées par le Centre national de développement du sport (CNDS)-
soient moins nombreuses et mieux orientées sur les territoires les
moins bien dotés en stades, salles ou autres terrains de jeu. Ce qui est
le cas de la région parisienne, les ZUS et les territoires d'outre-mer.
«L'action du CNDS doit se porter sur des projets de taille
significative, répondant uniquement à l'objectif d'un accroissement de
la pratique sportive des publics qui en sont le plus éloignés»,
conseille ainsi le rapport.
Concernant le haut niveau,
le constat est un peu moins sévère. La France pointe en effet au
cinquième rang mondial des plus grandes nations sportives. Mais la Cour
des comptes regrette que les 300 millions d'euros consacrés chaque année
à ce pan du sport ne parviennent pas à réduire certaines faiblesses: un
sport féminin trop souvent en retrait, peu de médailles d'or olympiques obtenues au regard de l'ensemble des médailles gagnées, et une sous-performance aux Jeux paralympiques. Et là encore, le saupoudrage serait responsable.
Moins de sportifs de haut niveau, mais plus performants:
La
France compte aujourd'hui 119 disciplines de haut niveau (dont 40 non
olympiques) et 15.000 sportifs de même qualification. «Les aides
financières directes, qui sont très dispersées, leurs modalités d'octroi
et de versement sont insuffisamment encadrées, et l'impact de ces aides
n'est pas évalué (…)», souligne le rapport. La Cour des comptes
préconise ainsi «un resserrement des disciplines reconnues de haut
niveau et des listes de sportifs, mais également une plus grande
concentration des moyens humains, matériels et financiers pour permettre
un soutien plus efficace des sportifs de haut niveau».
La même
recommandation est faite pour les 85,6 millions d'euros alloués chaque
année aux fédérations sportives. Avec 117 fédérations, la France dépasse
en effet de loin ses voisins: 60 en Allemagne, 64 en Italie et en
Espagne… «Il convient de favoriser les rapprochements entre fédérations
pour permettre des mutualisations», souligne les conseillers qui
évoquent un nombre minimal de clubs et de licenciés pour obtenir un
agrément de fédération.
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