Si la chancelière salue l'élection du socialiste, Berlin pose clairement les limites et table sur des réformes structurelles pour relancer la croissance en Europe.
Angela Merkel accueillera le nouveau président de la République française «à bras ouverts», mais défendra fermement sa conception rigoureuse de la politique économique en Europe.
La chancelière a réaffirmé ce lundi les limites qu'elle entend opposer à la volonté de François Hollande d'enrichir le pacte budgétaire de mesures destinées à soutenir la croissance. «Le pacte de croissance n'est pas négociable. [...] Il n'est pas possible de tout renégocier après chaque élection», sinon «l'Europe ne fonctionne plus», a estimé Angela Merkel lors d'une conférence de presse. «La Grèce pourrait aussi demander à renégocier» le plan d'austérité qu'elle met en œuvre en échange de l'aide internationale, a-t-elle par exemple mis en garde. Le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert, a également rappelé ce lundi que 25 pays sur 27 avaient adopté ce pacte à l'arraché il y a quelques mois, et qu'il était par conséquent «impossible» de le renégocier. La Grèce, le Portugal et la Slovénie l'ont d'ores et déjà ratifié.
Angela Merkel, pour autant, a ouvert la porte, dimanche, à l'adoption d'un nouveau pacte de croissance pour la zone euro, qui s'ajouterait au pacte budgétaire. Mais elle a clairement posé les limites entre ce qui est pour elle acceptable, et ce qui ne l'est pas. «L'Allemagne ne veut pas d'une croissance par des déficits, mais d'une croissance par des réformes structurelles», a rappelé ce lundi Steffen Seibert. Dans la lignée des propos de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), la chancelière allemande entend avant tout relancer la croissance en Europe par un sucroît de compétitivité, notamment en réformant le marché du travail.
«Travailler bien et de façon intensive»:
De son côté, François Hollande plaide pour une relance de la croissance via des dépenses d'investissement dans les infrastructures, les énergies nouvelles ou l'industrie. Le socialiste souhaiterait mettre à contribution la Banque européenne d'investissement (BEI), qu'il souhaite renforcer, et remettre en selle la taxe européenne sur les transactions financières. L'opposition avec la chancelière Angela Merkel serait beaucoup plus frontale si François Hollande souhaitait introduire des eurobonds mutualisés, ou réformer les statuts de la BCE. Les deux pays devraient confronter leur stratégie de croissance ces prochaines semaines. La chancelière, qui a invité dès dimanche le nouveau président à Berlin, s'est dite prête à «travailler bien et de façon intensive» avec lui.Le sujet devrait par ailleurs faire l'objet d'une réunion informelle annoncée par le président de l'Union européenne, Herman van Rompuy, pour la fin du mois. Cette réunion aura pour objectif de préparer le sommet européen des 28 et 29 juin prochains consacré à la croissance et à l'emploi. Parangon de l'austérité en Europe, l'Allemagne se trouve sur ce point de plus en plus isolée. Plusieurs pays ont appelé ces dernières semaines à stimuler davantage la croissance en Europe, sans que leurs stratégies convergent systématiquement. Outre la Grèce, dont la politique d'austérité vient d'être sanctionnée par les urnes, l'Italie, la Belgique et l'Irlande, notamment, se sont réjouies ce lundi de voir la croissance remise au centre de l'agenda européen.
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