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mardi 15 mai 2012

Pas de croissance en France au premier trimestre.

François Hollande s'installe à l'Élysée alors que l'économie française a stagné au premier trimestre. Les Allemands font mieux que prévu, avec une hausse de 0,5% du PIB.


Le chiffre de croissance de la France pour le premier trimestre, publié ce matin, était très attendu: il donne la tonalité du début du quinquennat du nouveau président de la République. Et avec une croissance atone sur les trois premiers mois de l'année (après une toute petite progression de 0,1 % les trois derniers mois de 2011, revus à la baisse), le moins que l'on puisse dire, c'est que la conjoncture ne va pas aider François Hollande à la mise en œuvre de son programme. Aucun des moteurs de la croissance ne donne de signe de vigueur: les dépenses de consommation des ménages sont «peu dynamiques» (+0,2 % au premier trimestre, après + 0,1 % le précédent), tandis que l'investissement des entreprises se replie (-1,4 %), indique l'Insee. Et si les importations renouent avec la croissance, elles ne compensent pas suffisamment le ralentissement des exportations pour éviter que le commerce extérieur ne pèse sur la croissance. Quant à la production de biens et de services, elle tourne «au ralenti». Au total, l'acquis de croissance à fin mars - c'est-à-dire la progression théorique du PIB si l'activité restait stable jusqu'à la fin de l'année - s'élève à 0,2 %.
Cette stagnation de l'activité n'est pas une surprise: l'Institut national de la statistique l'avait anticipée en mars dernier, alors qu'il publiait sa note trimestrielle intitulée «la fièvre tombe, le rétablissement sera lent». Mais ce que l'institut ne savait pas, alors, c'est que la tournure des événements en Grèce pourrait le ralentir encore un peu plus… Si l'heure n'est pas encore au risque de contagion à l'Hexagone, «il faut éviter les moments chaotiques qui perturbent tout le monde ; la Grèce, c'est 2 % du PIB européen, mais cela peut faire partie des petites choses qui deviennent grandes si elles sont mal gérées», souligne un fonctionnaire de Bercy.

Composer avec une conjoncture incertaine:

Reste que François Hollande va devoir composer avec une conjoncture incertaine. Alors que la Commission européenne a validé la semaine dernière la prévision de croissance de 0,5 % pour cette année, elle a exprimé des doutes quant à la capacité du nouveau gouvernement d'atteindre le chiffre de 1,7 % de croissance en 2013. Or, François Hollande croit en sa capacité à faire rebondir l'activité. Son lieutenant, Michel Sapin, en veut pour preuve la politique industrielle annoncée par son candidat - plus favorable, selon lui, à la croissance -, ainsi que les initiatives européennes qu'il voit se concrétiser avant la fin de l'année prochaine, grâce à un accord entre la France et l'Allemagne.
En fait, la nouvelle équipe n'a pas le choix, si elle veut respecter ses promesses de campagne et ne pas être obligée de revenir sur toutes ses prévisions. Car moins de croissance, cela veut dire plus de chômage, plus de déficit et plus de dette.
Pour boucler son équation budgétaire et respecter ses engagements de finances publiques - revenir à 3 % du PIB l'an prochain -, François Hollande a prévu 29 milliards de recettes supplémentaires d'ici à fin 2013. Mais la tâche s'annonce d'une grande ampleur. L'Insee a confirmé que le déficit public en France à fin 2011 s'est établi à 103,1 milliards d'euros, soit 5,2 % du PIB (en réduction de 33,9 milliards d'euros par rapport à 2010), «en raison à la fois du dynamisme des recettes et de la modération des dépenses». Il doit redescendre à 4,5 % cette année. La dette publique, elle, a atteint 86 % du PIB en 2011. François Hollande ne pourra se permettre aucune sortie de route.
D'autant qu'à quelques heures de sa rencontre avec Angela Merkel, l'Allemagne a mis la pression sur la France: au premier trimestre l'économie outre-Rhin a vu son PIB croître de 0,5 %, ce qui porte sa croissance sur une année glissante à 1,7 %. Des chiffres largement supérieurs aux prévisions des économistes.

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