Le chiffre retenu fait office de compromis entre l'Elysée et la Banque de France.
La décision a fait l'objet d'intenses tractations. Selon plusieurs sources, le taux du Livret A
passera finalement de 2,25 % à 1,75 % le 1er février, pour tenir compte
d'une faible inflation. Les livrets au plafond (22 950 euros depuis le
1er janvier) rapporteront désormais 401,62 euros par an. Si la règle de
calcul de ce taux prévue par la loi avait été appliquée, celui-ci serait
tombé à 1,5 % (344,25 euros de rémunération annuelle).
La
décision appartient au gouverneur de la Banque de France, qui peut
toutefois recommander au gouvernement d'y déroger au nom de
«circonstances exceptionnelles» ou de la sauvegarde du «pouvoir d'achat
des épargnants».
Christian Noyer, et le ministre de l'Économie,
Pierre Moscovici, se sont ainsi mis d'accord pour lui donner un petit
coup de pouce, afin de ne pas décevoir les Français, très attachés à ce
produit d'épargne. «C'est un seuil politique et psychologique»,
notamment dans un contexte économique difficile, souligne un proche de
dossier. La décision fait office de compromis entre l'Élysée -qui aurait
préféré que le taux passe à 2 %- et la Banque de France qui plaide pour
un taux bas, racontent plusieurs sources.
Pierre Moscovici avait
prévenu que le nouveau rendement devrait «à la fois prendre en compte
l'évolution des prix en France, la protection du pouvoir d'achat des
Français, notamment de l'épargne populaire, et l'encouragement à
l'investissement dans le logement».
Vers une actualisation du taux tous les trimestres?
Au
sein de la Banque de France, on insiste néanmoins sur la nécessité de
ramener le taux de livret A à un niveau adéquat au prochain rendez-vous,
en juillet, si l'inflation continue à être basse. Dans les discussions
que Christian Noyer a eu avec Bercy, la question d'une actualisation du
taux tous les trimestres -et non plus tous les semestres- a été évoquée.
Les textes de l'institution permettent déjà cette fréquence à certaines
conditions, notamment pendant les périodes de crise où les mouvements
économiques sont brutaux, afin que les marches d'escalier ne soient pas
trop importantes. Reste à savoir si cela pourrait être
institutionnalisé…
Régulièrement, le taux de rémunération du
Livret A prend une tournure politique -voire fait polémique -et sa
méthode de calcul est mise en cause Le rapport de Pierre Duquesne sur
«La réforme de l'épargne réglementée», remis au gouvernement en
septembre dernier, préconisait une formule de fixation du taux des
livrets non seulement être «simplifiée», mais aussi d'application
«totalement automatique, sans intervention du Gouverneur de la Banque de
France ni du Ministre des finances». Le système y gagnerait en
«prévisibilité et en lisibilité pour tous les acteurs (y compris pour
l'État émettant des obligations indexées sur l'inflation...)»,
soulignait le document.
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