Mario Draghi, président de la BCE, ce jeudi à Francfort.
Le président de la Banque centrale européenne reconnaît que la hausse de l'euro l'inquiéterait si cela devait remettre en cause la stabilité des prix. Autrement dit si la zone euro entrait dans un cycle déflationniste.
La Banque centrale n'a pas d'objectif de taux de change et son seul
souci est la stabilité des prix. Telle est la doctrine officielle
traditionnelle que Mario Draghi a réaffirmée, ce jeudi, à l'issue de la réunion mensuelle des gouverneurs de la BCE.
Mais
la stabilité des prix à la consommation doit s'entendre dans les deux
sens. Qu'ils n'augmentent pas trop vite, ce qui est une évidence, mais
qu'ils ne s'effondrent pas non plus. En clair qu'ils ne s'écartent pas
de l'objectif de progression annuelle de 2% des prix à la consommation
dans l'Euroland.
Avec une habileté consommée digne d'un jésuite
romain, Mario Draghi a rappelé cette seconde acception du mot
«stabilité». Il a admis que la BCE examinerait la situation. «L'appréciation (de l'euro) modifierait notre jugement dans la mesure où la stabilité des prix est concernée», selon ses propres termes.
Cette petite phrase a eu le don d'alerter les marchés des changes, qui ont réagi en faisant baisser l'euro de 1%, à 1,34 dollar.
Va-t-on dans le sens d'une politique de taux de change que François Hollande a souhaitée mardi dernier, lors de sa déposition devant le parlement européen?
Que nenni. Interrogé à propos des remarques du président de la
République française, Mario Draghi lui a même fait la leçon: «Il ne faut
jamais oublier que la Banque centrale européenne est indépendante».
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Chacun est maître dans son royaume:
La BCE n'est manifestement pas prête à entrer dans la «guerre des monnaies», un terme que Draghi a lui-même utilisé, mais pour dédramatiser les intentions prêtées à certains de ses homologues, tel le gouverneur de la Banque du Japon.
«Les évolutions des taux de changes ne sont pas des mouvements
délibérés et ciblés, (comme le seraient) des dévaluations compétitives,
mais l'effet des politiques monétaires». Et il a cité le changement
d'objectif d'inflation (annoncé récemment par la Banque du Japon), ainsi
que l'annonce faite précédemment par la Fed des États-Unis de maintenir
pendant une longue période des taux d'intérêts bas.
Mario Draghi
estime donc que ces décisions de ses homologues américain et japonais
sont tout à fait légitimes en soi. Chacun est maître dans son royaume.
Toutefois
il a ajouté que «si les effets ne sont pas conformes à l'analyse du
G20, il faudra agir». Autrement dit si les politiques monétaires des
grands acteurs nationaux conduisent à des taux de change qui ne
reflètent pas les fondamentaux des économies nationales respectives, les
chefs d'État ou de gouvernement qui siègent au G20 devront se mettre
d'accord entre eux pour corriger les excès. François Hollande est prié
de s'adresser donc à ses homologues du G20.
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