Moisson en Ile-de-France. L'agriculture et ses débouchés représentent plus de 3 millions d'emplois en France.
Le chef de l'État français, François Hollande, veut limiter la casse pour les crédits de la politique agricole commune (PAC), dont la France est la première consommatrice.
Défendre la PAC à tout prix, telle est la priorité du président François Hollande.
Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où l'agriculture et
ses débouchés représentent plus de 3 millions d'emplois et
11,4 milliards d'euros d'excédents commerciaux. Un secteur hautement
stratégique donc pour la croissance de l'Hexagone. Mais une approche que
ne partagent pas forcément tous les États membres de l'UE.
Aussi pour arracher le ralliement de ses partenaires les plus
récalcitrants - Allemagne et Grande-Bretagne - François Hollande va-t-il
devoir concéder une baisse du premier budget européen. L'enveloppe
précédente s'élevait à 421 milliards d'euros entre 2007 et 2013. On
s'acheminerait vers un consensus autour de 386 milliards d'euros pour la
période 2014-2020, soit une baisse de 8 % par rapport aux sept années
passées. Un moindre mal. «Après avoir frôlé le pire, nous sommes passés
pas loin de la rupture, nous allons pouvoir construire une vraie
politique agricole commune», indique un porte-parole du commissaire
européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos.
-->
«Une erreur stratégique»:
Une
victoire en demi-teinte pour la France qui pourra toujours arguer que
la première proposition du président de la Commission se chiffrait à
l'automne à 360 milliards d'euros. Un montant inacceptable pour les
paysans français. «La ferme France totalise 15 milliards d'euros de
revenus nets annuels, indique un responsable de la FNSEA.
Avec une enveloppe de 9,5 milliards annuelle, arithmétiquement, la PAC
représente donc les deux tiers du revenu de l'ensemble des
agriculteurs.» Un montant loin d'être négligeable. «Chaque paysan
bénéficiaire de la PAC sait exactement ce qu'il va toucher annuellement.
Si l'on descendait à un niveau trop bas le montant des aides, on
provoquerait une révolte», avoue un diplomate de la délégation
française.
Toutefois le compromis qui se dessine est loin de la
défense d'un budget de la PAC à l'euro près, promise par le gouvernement
précédent. «Prendre le budget de la PAC comme variable d'ajustement est
une erreur stratégique, indique au Figaro l'ancien ministre de
l'Agriculture, Bruno Le Maire.
Des secteurs entiers comme l'élevage ou les fruits et légumes sont
menacés de mort car ils ont impérativement besoin de ces aides pour se
moderniser.»
En outre, la PAC qui est pourtant une politique
publique de soutien sectoriel ne permet pas de lisser les inégalités de
revenus. Au contraire, dans certains cas elle les aiguise. Ainsi malgré
les cours élevés du blé et du maïs en 2012, les aides pour les
céréaliers sont restées identiques l'an dernier. Tout comme d'ailleurs
celles des éleveurs. En revanche, ces derniers ont subi la hausse de
l'alimentation animale fabriquée à partir de céréales. De quoi apporter
de l'eau au moulin des détracteurs de la PAC. «Il faudrait créer des
aides contracycliques qui permettent de réguler les aides en fonction du
cours des matières premières comme les États-Unis le font avec le Farm
Bill», explique Jacques Carles responsable du think-tank agricole,
Momagri. Par ailleurs, 80 % du montant des aides ne profitent qu'à 20 %
des agriculteurs. Des biais qui pourraient être rectifiés par la
nouvelle PAC. Une fois son montant adopté, «reste à savoir ce que l'on
fait avec la PAC notamment en matière d'environnement, de plafonnement
des aides et de réductions des inégalités», indique-t-on à Bruxelles. De quoi provoquer de nouvelles discussions serrées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire