Le financement de l'A400M inquiète Airbus. La maison mère, EADS, pourrait stopper le programme faute d'accord.
Le constructeur a livré 498 appareils et obtenu 310 commandes en 2009. Mais la maison mère EADS voit son chiffre d'affaires reculer, pénalisé par le dossier A400M.
L'année 2009 se termine sur un bilan mitigé pour Airbus. L'avionneur européen, qui tenait sa conférence annuelle ce mardi à Séville, a confirmé son leadership dans l'aviation civile. Le groupe a livré un record de 498 avions, essentiellement des moyen-courriers A320, battant son propre record de 483 livraisons établi en 2008. L'avionneur a également pris 310 commandes en 2009, dépassant son objectif de 300. Comme l'année précédente, il fait mieux que Boeing qui a livré 481 appareils et enregistré 263 commandes. La crise a tout de même entraîné des annulations par les compagnies aériennes en difficulté. Au total, les commandes nettes d'Airbus atteignent 271 appareils, pour une valeur de 30,3 milliards de dollars au prix catalogue. «C'est une année de réussite pour Airbus», s'est félicité le président du constructeur, Thomas Enders.
Parallèlement à ce tableau positif, le groupe a du faire face à une «grande déception»: Airbus n'a livré que 10 A380, contre 12 en 2008. Pour 2010, il espère en livrer «au moins 20». Dans un entretien au Echos ce mardi, le numéro deux d'Airbus, Fabrice Brégier, a précisé que pour atteindre ces objectifs, il faudrait revoir l'intégralité du schéma de production. A terme, le groupe ambitionne de produire 4 A380 par mois. Pour 2010, Airbus veut rester prudent. Thomas Enders estime que la livraison, tous types d'avions confondus, devrait rester globalement «stable». Pour les nouvelles commandes, la direction commerciale prévient : il y en aura «beaucoup moins que de livraisons» soit «entre 250 et 300». La reprise est attendue en 2012.
« Une grosse erreur »
Mais l'année a surtout été marquée par les problèmes de financement de l'A400M. Thomas Enders a évoqué un programme qui met en cause «la viabilité d'Airbus dans son ensemble» et «qui pourrait mettre en danger Airbus et sa compétitivité commerciale». Le patron de l'avionneur «tire la sonnette d'alarme» pour demander aux gouvernements impliqués d'accepter un compromis financier, à deux semaines de la fin des négociations.
«Nous sommes prêts à négocier avec les pays (…) Notre devoir est de protéger nos intérêts, nos capacités industrielles et l'avenir d'Airbus », a-t-il insisté. Dans un entretien à la radio BBC Wolrd ce mardi, il réclamait «une contribution financière importante» après avoir estimé qu'Airbus avait commis «une grosse erreur» à la conclusion des contrats. Selon lui, le groupe a eu tort de s'engager à développer l'appareil pour une somme fixe de 20 milliards d'euros. «Quand on fait des erreurs, on ne doit pas les répéter. Nous ne devrions prendre aucune décision qui risquerait d'entraîner de nouveaux problèmes dans les années qui viennent», a-t-il ajouté. Thomas Enders a toutefois souligné que la décision de poursuivre ou d'abandonner le programme reviendrait au final au conseil d'administration de la maison mère d'Airbus, EADS.
EADS sanctionné:
La maison mère, justement, a fait état dans un communiqué d'un recul de son chiffre d'affaires de 4% en 2009, à 41,7 milliards d'euros environ contre 43,3 milliards d'euros en 2008. «Il est clair que 2009 n'aura pas été facile», concède Louis Gallois, le patron d'EADS. Selon lui, cette baisse serait essentiellement due à l'affaiblissement du dollar. EADS prévoit d'ailleurs une charge supplémentaire d'un milliard d'euros à cause des taux de change. Le groupe se réconforte avec les résultats du plan d'économie Power 8 qui a déjà permis 2 milliards d'euros d'économies.
En revanche, EADS s'est dit plombé par les coûts de l'A380. Cet avion devrait encore «peser sur les résultats pendant plusieurs années», d'après Louis Gallois. Dans un entretien au journal le Monde, il estime que pour le gros porteur, la priorité «est de le ramener dans les clous en termes de coûts. Il en est de même du rythme des livraisons. Les progrès sont réels mais trop lents». Le groupe s'inquiète d'avantage encore de l'A400M. EADS a déjà pris pour 2,4 milliards de provisions et Airbus dépense désormais environ 100 millions d'euros par mois pour ce programme. «EADS ne peut pas continuer à dépenser sans savoir où l'entreprise va», a prévenu Louis Gallois. Ce dernier précise qu'EADS «refuse d'assumer seul ces charges estimées à au moins 5 milliards d'euros (…) Il ne faut pas qu'un tel programme déstabilise EADS».
Coté prévisions, le groupe avance dans le flou mais espère tenir ses objectifs financiers. EADS évoque la possibilité de faire des acquisitions avec pour priorité «la protection du cash» et pour ambition de devenir le leader mondial de l'industrie aéronautique et de défense devant les Américains. En Bourse, ces annonces pessimistes sont mal accueillies. Vers 13h15, le titre EADS décroche de 3,11% à 14,03 euros. C'est la troisième plus mauvaise performance du CAC 40.
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