La sous-traitance réalise 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires avec le géant américain.
C'est une première. Boeing a levé le voile ce mardi sur l'impact économique de son partenariat avec les industriels français. Et il est tout à fait significatif. En 2008, Boeing a facturé pour 4 milliards de dollars de contrats aux sous-traitants tricolores, ce qui représente 9,6% du chiffre d'affaires réalisé par la filière. Sur ce total, 2,8 milliards proviennent de contrats passés directement auprès des industriels ; le solde à travers les compagnies aériennes à la tête de flotte Boeing. L'activité générée par l'avionneur en France avait entraîné la création de 23.000 emplois, dont 11.500 directs au total, fin 2008.
«Nous sommes passés d'une relation ancienne de plus de trente ans et concentrée essentiellement dans les moteurs à une percée des industriels français dont Boeing a fait des partenaires de premier rang», explique Yves Galland, PDG de Boeing France. Il rappelle que l'avionneur américain avait choisi le CFM-56 codéveloppé par General Electric et Snecma pour motoriser son B 737, rival de l'Airbus A 320.
Les Thales, Dassault Systèmes, Safran et autres Labinal et Latécoère ont profité du grand tournant stratégique pris par Boeing au début des années 2000. Le constructeur change de modèle industriel. Il se recentre sur le design et l'assemblage, vend des usines de composants et décide de faire appel à des partenaires, si possible les meilleurs, dans le monde entier. «Boeing pouvait développer une relation exceptionnelle avec nos industriels qui ont une histoire, une ancienneté aéronautique, des savoir-faire et la maîtrise des technologies», déclare Yves Galland qui met sur pied la «Boeing French team» composée de 14 industriels. Voyages à Seattle, le siège industriel, échange avec les équipes américaines… Le partenariat mûrit. Et les Français montent à bord du B 787, un long-courrier de nouvelle génération qui fait la part belle aux composites.
Dix B 787 par mois dès 2013:
L'appareil a réalisé son premier vol d'essai mi-décembre 2009 avec près de deux ans de retard sur son calendrier initial. Un décalage lourd de conséquences pour les sous-traitants qui voient les stocks gonfler et peser sur leur trésorerie. Pendant cette période, Boeing assure avoir été présent y compris financièrement auprès de ses fournisseurs, allant, dans certains cas, à payer par anticipation des lots fabriqués mais non livrés. «Nous sortons de 12 à 18 mois difficiles mais nous avons devant nous 25 ans de commandes et de rentabilité», assure Yves Galland. Le partenariat avec la France va s'amplifier au gré de la montée en cadence du programme. Le B 787 a déjà enregistré 851 commandes nettes, un record absolu dans l'histoire de l'aviation civile. Boeing emploie de gros moyens pour regagner du temps perdu. Il assure être en mesure de certifier le B 787 en neuf mois en utilisant 6 avions et pas moins de 34 pilotes d'essai. Du jamais vu. Sur le plan industriel, il a décidé de construire un second site d'assemblage à Charleston, au sud des États-Unis, qui doit entrer en service en 2011. Boeing prévoit d'assembler dix B 787 en 2013 dont 7 à Everett.
Malgré les aléas, le pouvoir d'attraction de Boeing reste intact. Lors des 36 heures de la technologie organisées à Paris, il a reçu 64 dossiers de sous-traitants désireux de travailler pour lui. Boeing en a retenu 15.
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