Christian Estrosi, le ministre de l'Industrie, a indiqué qu'une «réflexion» était «en cours» concernant la montée en puissance de l'État dans le capital de Renault .
La Commission européenne demande des explications à la France, qui veut empêcher la délocalisation de la Clio.
La polémique n'en finit pas d'enfler. La Commission européenne, garante de la concurrence, a indiqué jeudi en fin de journée avoir demandé des explications au gouvernement français, qui tente de faire pression sur Renault pour l'empêcher de délocaliser la production de sa future Clio en Turquie.
Bien décidé à ne pas «laisser conduire la politique industrielle de la France sans réagir», Christian Estrosi, le ministre de l'Industrie, a indiqué parallèlement qu'une «réflexion» était «en cours» concernant la montée en puissance de l'État dans le capital de Renault (il en détient actuellement 15 %). Cette question sera abordée avec Carlos Ghosn, le PDG de Renault, convoqué samedi prochain à l'Élysée pour s'expliquer sur cette affaire qui, à deux mois des élections régionales, a pris une dimension politique que le constructeur n'avait pas prévue.
Lors de la présentation des résultats commerciaux du groupe, Jérôme Stoll, le directeur commercial de Renault, a précisé que le groupe n'avait encore «rien conclu» concernant le lieu de production de ce véhicule et rappelé que la Clio 3 actuelle était «majoritairement produite en Turquie». Il a toutefois souligné «qu'en tant que directeur commercial», il avait besoin de «véhicules attractifs et compétitifs», d'autant que «la guerre des prix», va continuer.
Alors que le débat s'envenime, c'est, ironie du sort, surtout grâce à ses voitures fabriquées dans les pays à bas coûts que Renault est parvenu à limiter les dégâts l'an passé. Le constructeur a annoncé jeudi une chute de ses ventes mondiales de 3,1 % en 2009, à 2,3 millions de voitures, sur un marché en recul de 4,7 % selon lui. Les volumes «ont été tirés par la Twingo et la Logan, qui ont particulièrement bénéficié des aides gouvernementales», a précisé Jérôme Stoll.
Baisse à l'international:
En Europe, les immatriculations de Twingo ont bondi de 33,6 %, celles de sa filiale Dacia (qui commercialise la Logan) ont décollé de 91 % (214 500 exemplaires). Ces modèles sont fabriqués respectivement en Slovénie et en Roumanie. Le groupe a toutefois aussi tiré profit du renouvellement de sa gamme Mégane (et notamment de son monospace Scenic), qui dégage des marges plus importantes que les petites voitures. Elle a progressé en Europe de 15 % sur un segment en baisse de 6 %.
Alors qu'il avait fait de sa croissance à l'international l'une de ses priorités, ses ventes ont baissé hors d'Europe (de 11 %), pour la première fois depuis dix ans. Victime de l'effondrement des marchés roumain et russe, Renault n'a pas profité de la forte croissance de la Chine - où il n'est pas présent -, a fortement reculé en Inde (- 66 %), un marché pourtant dynamique. Déception aussi au Brésil et en Iran, deux pays où Renault perd des parts de marché.
Pour 2010, «il n'est pas évident que l'on puisse augmenter nos volumes, car nos ventes dépendent aux deux tiers de l'Europe, un marché qui devrait baisser de 8 à 10 %» en raison de la fin des aides gouvernementales, a précisé Jérôme Stoll. Il mise toutefois sur la «poursuite de l'expansion de la marque Dacia», avec le lancement du 4 × 4 Duster (voir photo) cette année. Le groupe bénéficiera aussi à plein de la jeunesse de la gamme Mégane et lancera un nouveau véhicule haut de gamme, le SM5, dans un premier temps en Corée - où il sera fabriqué -, puis en théorie en Europe.
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