Areva a confirmé mercredi avoir été visé par une tentative d'escroquerie. Nombre de sociétés en sont victimes. Voici quelques règles simples pour s'en protéger.
Contrairement aux particuliers qui portent plainte, les entreprises victimes d'escroquerie, voire de chantage, préfèrent la discrétion. Areva a confirmé ce mercredi qu'une de ses filiales a été visée par une tentative d'escroquerie, mais le groupe a refusé de préciser les circonstances et d'apporter tout commentaire. L'impact sur l'image des entreprises peut en effet s'avérer plus coûteux que la fraude elle-même, qui sera comptabilisée dans la ligne «pertes et profits». Ce mutisme rend l'évaluation du phénomène difficile, et le suivi statistique de l'évolution du nombre d'attaques frauduleuses à l'encontre des sociétés impossible. Pour autant, les fraudes et autres chantages sont bien réels. Avec l'aide d'un officier de l'ordre public, spécialiste de ces questions, préférant garder l'anonymat pour le bon déroulement de ses enquêtes, voici quelques conseils :
Vérifier l'identité des requérants «officiels»:
Les escrocs peuvent se présenter sous des identités multiples : policiers, agents des services de recouvrement, huissiers, avocats… Dans tous les cas, il est recommandé de ne jamais céder à des injonctions téléphoniques, et d'exiger une rencontre physique avec le requérant, qui doit être en mesure de justifier de son identité professionnelle, notamment en présentant leurs insignes ou carte d'identité professionnelle. Certains peuvent également se présenter comme des membres de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, qui procède à des contrôles dans les entreprises. Là encore, ils doivent disposer de documents officialisant leur identité. Ils sont en outre tenus d'avertir le Procureur de la République de leur passage. Un appel au service local de gendarmerie ou de police suffit à vérifier que cette visite est officielle.
Protéger ses fonds, mais aussi ses données:
Les fraudeurs peuvent solliciter de l'argent mais également la remise d'un dossier, ou d'une information. Certains contenus peuvent s'avérer stratégiques pour l'entreprise, et leur divulgation, notamment auprès de concurrents, peut faire perdre des marchés. Quelque soit sa taille, une entreprise doit donc établir un protocole de protection des données, qui commence par la sensibilisation de l'ensemble des salariés aux questions de sécurisation des informations.
Des relais dans l'entreprise:
Un salarié confronté à une demande pressente de fonds ou de documents doit se garder d'agir dans l'urgence. Les transferts de montants importants font toujours l'objet d'une planification, et ne sont jamais décidés en une journée. En cas de doute, les services de sécurité doivent être alertés sans délai. Dans les sociétés de plus petites tailles qui ne disposent pas de tels services, le président directeur général sera le meilleur interlocuteur. Tout entreprise possède en général un référent au sein de la gendarmerie ou la police locales vers qui se tourner en cas de tentative d'escroquerie.
Pas de versements par virement:
Depuis la loi Perben de 2004, les services d'enquêtes ne recourent plus à la demande de versements d'argent dans le but de provoquer les malfaiteurs, exception faite des affaires de stupéfiants. Quand cette pratique était d'usage, il pouvait être demandé à une entreprise déjà concernée par un vol d'accepter de verser 1% du montant floué afin d'appâter les usurpateurs, et de permettre aux enquêteurs de démanteler le réseau. Mais même à cette époque, les versements n'étaient jamais effectués par virement. En règle générale, la prudence doit être de mise dès lors qu'un interlocuteur sollicite un virement dans les pays asiatiques, car les comptes bancaires de cette zone peuvent être très rapidement vidés des fonds versés, sans laisser de trace, ni d'espoir de les récupérer.
Des cibles privilégiées:
Les escrocs cibleront de préférence les entreprises déjà fragilisées. Le groupe Areva a été abordé alors qu'Anne Lauvergeon, la présidente du directoire, croise le fer avec EDF pour défendre la place de son groupe dans la filière nucléaire française en vue de négocier des contrats à l'étranger. Les malfaiteurs peuvent donc profiter d'une attention mobilisée ailleurs, mais aussi d'une brèche ouverte par une précédente arnaque. Le chantage commence souvent par une contrefaçon.
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