«La sous-évaluation de la monnaie chinoise constitue un problème majeur», a affirmé hier le commissaire au Commerce,Karel de Gucht.
Les commissaires européensau Commerce et à l'Économie s'attaquent aux taux de changes.
La Commission européenne «Barroso II» sera-t-elle plus véhémente sur l'euro fort ? Depuis le début de la semaine, les candidats pressentis pour les postes économiques ont donné de la voix sur les changes, critiquant la surévaluation de la monnaie européenne face au dollar, bien sûr, mais aussi face au yuan, jugé sous-évalué à Bruxelles.
«Il est clair que la sous-évaluation de la monnaie chinoise constitue un problème majeur», a affirmé mardi le commissaire désigné au Commerce, le Belge Karel de Gucht, pour qui il s'agit là d'une politique «délibérée» visant à doper les exportations chinoises en Europe et aux États-Unis. La veille, le candidat aux affaires économiques et financières, le Finlandais Olli Rehn, avait estimé que le taux de change de l'euro par rapport au dollar et au yuan, arrimé au billet vert, constituait «un risque potentiel pour la reprise européenne».
Ces propos devraient ravir Nicolas Sarkozy, qui a dénoncé il y a quelques jours la faiblesse du dollar par rapport à l'euro, évoquant un désordre monétaire «inacceptable». Le billet vert, qui s'était brusquement apprécié au début de la crise, n'a depuis cessé de chuter face à la devise européenne, entraînant sans son sillage la monnaie chinoise. Les Européens voient cette situation d'un très mauvais œil, car elle rend les exportations américaines et chinoises plus compétitives tout en handicapant les producteurs européens. Avec, à la clé, un risque de ralentissement d'une reprise déjà poussive sur le Vieux Continent. La Chine est ainsi devenue le premier exportateur mondial en 2009, volant la place à l'Allemagne.
Pressions internationales sur Pékin:
Difficile toutefois pour l'Europe de changer la donne. Lorsque la monnaie unique s'était envolée à 1,50 dollar, à l'automne, les autorités de la zone euro avaient manifesté leur inquiétude. Le patron de la BCE, Jean-Claude Trichet, s'était félicité de l'attachement des États-Unis à un dollar fort. Un attachement surtout sémantique : Washington s'accommode très bien de la faiblesse de sa monnaie, qui aide ses exportations. La priorité des Américains est ailleurs, dans la bataille larvée qu'ils mènent avec les Chinois pour les convaincre d'apprécier le yuan par rapport au dollar.
À l'automne, les responsables de la zone euro avaient échoué à convaincre Pékin de laisser sa monnaie s'apprécier. Barack Obama non plus n'avait obtenu aucune concession. Mais à force de revenir à la charge, Américains et Européens réussiront peut-être à faire bouger la Chine. «Nous devrions utiliser toutes les occasions, bilatérales ou multilatérales» pour faire passer le message aux autorités chinoises, a martelé Karel de Gucht. Signe des temps, un économiste chinois vient lui-même d'affirmer que Pékin aurait intérêt à laisser le yuan s'apprécier de 10 % face au dollar.
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