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mardi 19 janvier 2010

«J'anticipe une baisse du pouvoir d'achat des Français» .


Michel-Édouard Leclerc, mardi dans son bureau, au siège de sa société.

Michel-Édouard Leclerc, président du groupement de commerçants indépendants, pense encore gagner des parts de marché en 2010.
L'enseigne a enregistré une croissance record en 2009. Le patron des centres Leclerc détaille ses défis pour 2010.
 
 - Quel bilan tirez-vous de 2009 ?
Michel-Édouard LECLERC . - Les centres Leclerc ont été les magasins de la crise. Nous l'avions anticipée, et nous avons donné la priorité au pouvoir d'achat. Dès le début 2009, nous avons joué la carte des baisses de prix en fond de rayon. Contrairement à nos concurrents, nous n'avons pas fait plus de promotions qu'en 2008. Les consommateurs ont besoin de lisibilité, avec des prix bas permanents. Le distributeur qui fonctionne le mieux est celui qui met en confiance les clients, et parvient à les attirer les yeux fermés.

Les promotions sont inefficaces ?
Beaucoup de distributeurs ont fait des promotions le principal repère de leur image-prix. Mais elles cré­ent de l'infidélité chez les consommateurs. Nous allons ten­ter d'en faire encore moins en 2010, essentiellement ciblées sur les produits de notre Marque Repère, dont les prix vont par ailleurs baisser au premier semestre.

La guerre des prix a-t-elle eu un impact sur les comptes de vos adhérents en 2009?
Nos adhérents ont réinvesti dans les prix un tiers de leur marge nette, passée de 1,9 à 1,6% de leur chiffre d'affaires l'an passé. Mais cette baisse a été en partie compensée par les gains de part de marché. Les propriétaires de centres Leclerc ne regardent pas tant la rentabilité de l'année ; ils cherchent à gagner des clients pour augmenter la valeur de leur fonds de commerce, et peuvent se serrer la ceinture pendant deux ans. C'est la différence avec les directeurs de Carrefour, qui n'ont pas le temps d'attendre le retour sur investissement de baisses de prix.
Bercy a engagé des procédures contre neuf distributeurs , accusés d'avoir imposé des clauses abusives à des fournisseurs début 2009. Comment se déroulent les négociations pour 2010 ?
Les industriels proposent des hausses tarifaires de 6 à 7%, alors que les prix des matières premières ont baissé de 15 à 20%. Nous essayons de limiter au maximum les hausses, mais les pouvoirs publics ne nous rendent pas la partie facile. Depuis qu'ils nous ont assignés, toute clause contractuelle devient suspecte. Nous allons nous exonérer de la pression politique pour maintenir des prix bas. Nous trouverons d'autres clauses. Je souhaite parvenir à des hausses de prix inférieures à l'inflation pour les marques nationales. Cela dit, nous sommes en bas de la courbe de désinflation.

Quelles sont vos perspectives pour 2010 ?
Avec l'augmentation du taux de chômage, son impact négatif sur les hausses de salaire et le fait qu'un million de chômeurs vont se retrouver en fin de droits, j'anticipe une baisse du pouvoir d'achat des Français comprise entre 1,4 et 1,6%.

Quels sont vos autres projets ?
Nous allons notamment accélérer le développement des Leclerc Drive, magasins où les clients viennent récupérer leurs achats commandés en ligne. Il en existe aujourd'hui 40. D'ici à trois ou quatre ans, chaque centre Leclerc aura un service Drive. Et nos adhérents ont désormais la possibilité d'ouvrir un second Drive de l'autre côté de leur ville afin de conquérir de nouveaux clients.

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