L'Indonésie souhaite que ses industries locales soient prêtes face à la concurrence chinoise.
L'Indonésie dénonce l'accord de libre-échange avec la Chine, alors qu'un sommet sur la crise s'ouvre à Manille.
À peine entré en vigueur, le 1er janvier dernier, l'accord de libre-échange entre la Chine et les six pays les plus avancés de l'Asie du Sud-Est (Brunei, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande) a été dénoncé mercredi par Jakarta.
Il touche 1,9 milliard d'habitants et 7 000 produits, soit 90 % des échanges d'une région dont les flux commerciaux représentent 4 300 milliards de dollars. Mais l'Indonésie craint les conséquences industrielles et sociales d'une explosion des exportations chinoises. Elle souhaite repousser de deux ans la disparition des taxes douanières. «Il risque d'y avoir des fermetures d'entreprises et une hausse du chômage», avertit Sofyan Wanandi, représentant du patronat.
Le calendrier ne doit certainement rien au hasard. Ce jeudi matin s'ouvre à Manille, aux Philippines, le deuxième forum de la Banque asiatique de développement (BAD) consacré à la crise financière. Il réunit pendant deux jours 80 personnalités, ministres, gouverneurs de banques centrales, experts, de 20 pays d'Asie. Des poids lourds, comme la Chine, le Japon, Singapour, la Malaisie et l'Indonésie, mais aussi des pays pauvres tels que le Bangladesh, l'Afghanistan et le Pakistan. Et, en observateurs, les États-Unis, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la Finlande.
Ils vont analyser l'impact de la crise financière en Asie et tenter d'en tirer les leçons. Ils veulent développer et mieux intégrer le commerce régional pour moins dépendre de l'Europe et des États-Unis. Ils savent que la Chine est désormais le plus grand partenaire de l'Asie du Sud-Est et pèse pour 11,3 % de ses échanges commerciaux et pour la moitié du commerce de l'Asie tout entière. Mais ils doivent faire très attention aux problèmes sociaux qui menacent la région.
Améliorer la compétitivité:
La BAD crédite les économies asiatiques en développement d'une croissance de 6,6 % en 2010. Elle table sur 8,9 % pour la Chine et 7 % pour l'Inde. «Les changements significatifs de l'après-crise présentent des opportunités nouvelles qui nous conduisent à modifier nos stratégies», affirme son directeur général, Rajat Nag.
Mais la banque se voit aussi dans le même temps obligée d'augmenter sensiblement le montant des prêts qu'elle accorde aux pays d'Asie en difficultés. Ils vont ainsi passer de 10 milliards de dollars cette année, à 32 milliards contre 22 l'an dernier.
Dans son rapport sur les perspectives de la région à l'horizon 2020, la BAD observait déjà en 2008 que 500 millions de personnes sur 1,7 milliard de salariés étaient sans emploi. Et elle prévenait que «245 millions de gens vont venir rejoindre le monde du travail en 2015 et 175 millions de plus entre 2015 et 2030. C'est l'un de nos plus grands défis à relever que de créer les emplois nécessaires toute en améliorant notre productivité.»
La réaction de l'Indonésie, qui veut aujourd'hui «que les industries locales soient prêtes à la concurrence des biens chinois, qui sont déjà moins chers et plus performants», avant de s'engager dans la voie du libre-échange, montre les limites de l'exercice.
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