Il est reconduit, mais il cherche ses marques : Jean-Claude Juncker, le premier ministre et grand argentier luxembourgeois, a été réélu, lundi 18 janvier, à Bruxelles, pour un quatrième mandat à la tête de l'Eurogroupe, le forum de concertation des ministres des finances de la zone euro.
A 55 ans, le vétéran des conseils européens a dû promettre de dynamiser les travaux de cette instance. Avec un objectif : convaincre les dirigeants qui, à l'instar de Nicolas Sarkozy, ont critiqué son manque de réactivité face à la récente crise financière de lui laisser les rênes.
Pour rebondir, le Luxembourgeois s'est fixé un triple chantier afin, dit-il, de "mettre en œuvre la gestion collective et solidaire de la monnaie unique".
D'abord, restaurer la discipline budgétaire au sein de la zone euro. Le défi est de taille à l'heure où la cohésion de l'Union monétaire est mise à mal par le quasi-naufrage de la Grèce. En raison de la crise, la plupart des Etats de la zone font l'objet d'une procédure pour déficit excessif et ils vont avoir du mal à revenir dans les clous du pacte de stabilité et de croissance, réformé en 2005 sous la houlette de M. Juncker.
Ensuite, et surtout, le président de l'Eurogroupe entend améliorer la coordination des politiques économiques au sein de la zone. Il faut que "nous inventions une procédure d'analyse et de surveillance de ces politiques analogue à celle existant déjà pour les politiques budgétaires", a-t-il expliqué lundi.
A l'instar de Paris, qui voit dans l'Eurogroupe un embryon de gouvernement économique, le Luxembourgeois veut désormais insister sur la compétitivité de l'économie européenne, parler davantage des changes ou de politique salariale. "Les ministres des finances doivent aussi s'occuper des réformes structurelles, pas seulement des finances", dit-il.
Si l'Allemagne, longtemps réticente, semble prête à plus de concertation, "il faut acclimater le sujet en respectant l'indépendance de la Banque centrale européenne et sans effaroucher personne", observe un expert.
SURREPRÉSENTÉS:
Pour M. Juncker, la Commission européenne devrait être en mesure de lancer de véritables avertissements aux Etats dont la politique macro-économique est susceptible d'accroître les divergences, ou de miner la compétitivité de l'Union monétaire.
Afin de conforter les capacités d'expertise de la zone euro, il a été décidé lundi de doter son président d'un secrétariat de cinq personnes, adossé à l'administration du Conseil. Une manière de conforter l'Eurogroupe, au moment où le traité de Lisbonne reconnaît formellement son existence.
Enfin, M. Juncker entend travailler à unifier la représentation internationale de la monnaie unique, au côté du président de la Banque centrale européenne. Il revendique de participer aux sommets du G20 et réclame un siège unique de la zone euro au Fonds monétaire international.
Mais il sait que le sujet est ultrasensible. Les Européens sont déjà surreprésentés dans ces instances, où leurs positions divergent parfois. Les grands pays de la zone comme la France, l'Allemagne ou l'Italie ont du mal à sacrifier leur propre siège.
La délégation européenne au G20 devrait de surcroît compter une autre tête nouvelle dans les prochains mois : celle d'Herman Van Rompuy qui, en novembre, a coiffé sur le fil M.Juncker pour devenir le premier président permanent du Conseil européen.
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