Infolinks

Google Recherche

samedi 9 janvier 2010

Malgré la reprise, le marché de l'emploi se dégrade des deux côtés de l'Atlantique.


Le taux de chômage atteint 10 % de la population active, aux États-Unis comme en Europe.

Les Etats-Unis ont détruit 85 000 emplois en décembre 2009, a indiqué, vendredi 8 janvier, le département du travail américain (en données corrigées des variations saisonnières). Le taux de chômage, de son côté, est resté stable, à 10 % de la population active.
Ces chiffres ont constitué une mauvaise surprise, les analystes misant sur un solde proche de zéro. La tendance favorable du mois de novembre 2009 (plus de 4 000 créations d'emploi) n'a donc pas pu être confirmée.
Pour Christine Rifflart, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le décalage entre novembre et décembre 2009 n'a toutefois rien de "significatif. C'est une baisse de 0,06 % sur un mois." Mme Rifflart parle au contraire de "stabilisation". "Au début de l'année 2009, explique-t-elle, les destructions d'emploi touchaient 700 000 personnes par mois."
Benjamen Carton, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii), juge lui aussi "les destructions modérées, même si on avait eu l'espoir d'un chiffre positif pour démarrer l'année". L'économie américaine, avec une croissance légèrement inférieure à 3 % et un taux de chômage aux environs de 10 % de la population active, demeure toutefois "fragile", voire "convalescente", indique M. Carton. En valeur absolue, le nombre des emplois détruits pendant l'année 2009 (4,6 millions) est le plus élevé dans les annales du département américain du travail, qui remontent à 1939.
En fait, la crise financière de l'automne 2008 n'a pas eu un impact uniforme sur l'économie américaine. La moitié des emplois détruits se sont ainsi concentrés sur deux secteurs : celui de la construction (BTP) et celui de l'industrie, lesquels représentent 15 % de l'emploi total aux Etats-Unis. En décembre 2009, le BTP a "encore perdu 53 000 emplois, et le secteur manufacturier 27 000", indique Mme Rifflart, qui ajoute : "La faiblesse des mises en chantier ne permet pas d'espérer un rebond de la demande immobilière pour le reste de l'année."
M. Carton estime de son côté que le "rebond des commandes à l'industrie, s'il est notable, ne se traduit pas par des créations d'emploi spectaculaires".
Au sein du groupe des personnes privées d'emploi, un double clivage se produit selon l'âge et le sexe, note toutefois Mme Rifflart. Le taux de chômage des "jeunes" (25-34 ans) s'améliore et "passe de 9,2 % à 8,2 % de la population active", tandis que celui des plus de 50 ans demeure à un niveau élevé.
En outre, le chômage apparaît plus élevé chez les hommes (+ 7,9 % en décembre 2009) que chez les femmes (+ 6,2 %). "Ce décalage tient aux secteurs qui ont été touchés : les hommes sont plus nombreux dans le BTP et l'industrie manufacturière."
En Europe aussi, la crise est loin d'être terminée. Selon les données rendues publiques vendredi 8 janvier par Eurostat, le chômage a atteint pour la première fois le seuil symbolique de 10 % de la population active dans la zone euro en novembre 2009 (+ 0,1 % par rapport à octobre).
Ces moyennes masquent toutefois des disparités importantes selon les pays. Un quart des pertes d'emploi de la zone euro est ainsi concentré en Espagne, qui affiche un taux de chômage record de 19,4 % en novembre 2009 (19,3 % en octobre). En France, il est de 10 %, et de 8,3 % en Italie. Dans presque tous les pays, la destruction d'emplois a donc continué en 2009, et pourrait se prolonger sur le moyen terme.
La Commission européenne prévoit ainsi que le taux de chômage se situera à une moyenne de 10,7 % en 2010, pour atteindre 10,9 % en 2011 dans la zone euro, après 9,5 % en 2009. La stabilisation progressive du chômage ne se produirait qu'à la fin de 2010, et plus certainement au cours de l'année 2011.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire