«L'exemple grec pourrait nous apporter de fortes, très fortes contraintes».
La chancelière allemande s'inquiète de la montée des déficits publics en Europe. Jean-Claude Trichet, président de la BCE, exclut tout traitement de faveur pour la Grèce.
Avec une rare franchise, la chancelière allemande a résumé jeudi toutes les difficultés politiques que pose désormais la gestion de l'euro. «Comment allons-nous respecter le pacte de stabilité ? L'exemple grec pourrait nous apporter de fortes, très fortes contraintes», explique-t-elle dans un texte écrit et diffusé en ligne à Berlin.
Angela Merkel a en tête les chiffres des déficits publics, qui ont atteint 6,5 % du PIB en moyenne dans la zone euro en 2009, deux fois plus que la limite autorisée par le pacte de stabilité. Et en citant la Grèce, dont l'impasse budgétaire s'élève à 12,7 % du PIB, elle fait allusion aux écarts considérables qui se manifestent d'un pays à l'autre. L'Allemagne se présente comme le meilleur de la classe, avec un chiffre de 3,2 %. De quoi autoriser la chancelière à donner des leçons, tout en reconnaissant qu'elle enfreint le principe de souveraineté nationale. «Qui va dire au Parlement grec qu'il est prié de faire une nouvelle réforme des retraites ? Je ne sais pas si l'on apprécierait beaucoup, là-bas, que l'Allemagne dicte des ordres. Le Parlement allemand ne serait certainement pas ravi si la Grèce le faisait pour nous. En ce sens, l'euro traversera dans les prochaines années une phase très difficile.»
S'exprimant au même moment à l'occasion de la conférence de presse qui suit la réunion mensuelle de la BCE, Jean-Claude Trichet, son président, a lui aussi mis les points sur les «i». Jugeant «une hypothèse absurde» la sortie de la Grèce ou d'un autre pays de la zone euro, il a exclu «tout traitement particulier» en faveur d'un pays en difficulté. En termes techniques, il refuse d'accorder la possibilité aux banques grecques de présenter en gage des titres de qualité moindre pour obtenir desliquidités de la BCE.
Le traité de Maastricht:
Jean-Claude Trichet exclut également toute aide en matière budgétaire, se référant implicitement au traité de Maastricht. À chacun de s'aider lui-même. «Nous savons que certains gouvernements, un gouvernement en particulier, mais pas un seul, plusieurs gouvernements, ont des décisions très dures et très difficiles à prendre», a-t-il martelé. Il n'a pas hésité à invoquer la menace des marchés financiers : «Les besoins très importants des gouvernements en matière d'emprunts comportent le risque de provoquer des changements rapides du sentiment des marchés, pouvant conduire à des taux (obligataires) moins favorables.»
Dans un registre délibérément technique, les propos du président de la BCE re joignent les inquiétudes politiques d'Angela Merkel. Interrogé sur la surévaluation de l'euro, que Nicolas Sarkozy stigmatisait la semaine dernière, Jean-Claude Trichet s'est contenté de citer les propos tenus ces derniers mois par Ben Bernanke, le patron de la Fed, et Tim Geithner, le secrétaire au Trésor, en faveur d'«un dollar fort». Berlin et Francfort d'un côté, et Paris de l'autre ne semblent pas avoir la même conception des «difficultés de l'euro».
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