La chirurgie serait le seul traitement efficace contre certaines obésités massives.
Les interventions sont réservées aux patients dont l'excès de poids menace gravement la survie à long terme.
La chirurgie est le seul traitement efficace contre certaines obésités massives, a expliqué hier le Pr Jean-Marc Chevallier, du service de chirurgie générale et digestive de l'Hôpital Pompidou (Paris), lors d'une communication à l'Académie de médecine. Au-delà de la perte de poids, cette stratégie «participe à la prévention du cancer et diminue l'incidence du diabète chez les obèses», a-t-il précisé. La chirurgie améliore aussi la survie à long terme des obèses en réduisant les décès par infarctus.
Les interventions, qui font appel à plusieurs techniques, ne sont toutefois destinées qu'aux patients souffrant d'une obésité morbide, avec un indice de masse corporelle (1) supérieur à 40. Voire à 35 en cas de complications associées (diabète, hypertension…). Cette population représenterait plus de 600 000 personnes en France, selon la dernière enquête nationale Obépi. En pratique, chaque année, 23 000 d'entre elles sont opérées.
La moitié bénéficie de la pose d'un anneau gastrique, qui diminue le volume de l'estomac et ralentit le passage des aliments. L'intervention est peu invasive, le dispositif étant posé par voie coelioscopique (incision de l'ordre du centimètre). Avec cette méthode, réversible, «80 % des patients ont perdu plus de 50 % de leur excès de poids en deux ans, les 20 % d'échecs sont toujours dus à deux causes : non-respect des contraintes diététiques et absence de surveillance», estime le Pr Chevallier.
L'autre opération, la plus classique, consiste en un court-circuit gastrique : les aliments vont directement dans l'intestin grêle, ce qui réduit leur assimilation. Plus récente, la gastrectomie dite en manchon consiste à agrafer l'estomac sur toute sa longueur pour réduire son volume. «Moins difficile techniquement, cette méthode pourrait concerner plus de patients dans le futur, mais nous n'avons pas de résultats à long terme», poursuit le chirurgien.
Prise en charge globale:
Pour mieux informer les principaux intéressés sur ces interventions, leurs bénéfices et leurs contraintes, la Haute Autorité de santé vient d'éditer une brochure très complète (voir nos éditions du 9 novembre 2009), accessible sur son site Internet. Une démarche qui s'inscrit dans une volonté de prise en charge plus rigoureuse et plus globale des obésités. Il y a quelques années, avec l'engouement pour les anneaux gastriques, plusieurs enquêtes avaient dénoncé certains abus dans les indications de cette chirurgie. «Nous avons beaucoup travaillé sur les recommandations et aujourd'hui, celles-ci sont bien suivies», indique le Pr Chevallier, qui précise aussi que les lieux de prise en charge de l'obésité sont en train de se restructurer.
Dans la nouvelle organisation, chaque région pourrait compter de un à deux centres spécialisés. «Dans tous les cas de cette pathologie complexe qu'est l'obésité, une prise en charge et une décision multidisciplinaires sont essentielles, conclut le praticien. Médecin traitant, nutritionniste et psychologue doivent aider le patient pendant toute la durée du programme de perte de poids.»
(1) Poids divisé par la taille au carré
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