Les anniversaires fournissent bien souvent une occasion idéale pour dresser un bilan. Il y a désormais un peu plus d'un an - le 9 mars 2009 -, les marchés d'actions mondiaux étaient au plus bas. Depuis, ils ont rebondi. On peut mesurer le chemin parcouru en observant, notamment, la courbe ascendante de l'indice MSCI : basé sur l'évolution de la capitalisation boursière des marchés du monde entier, il a rebondi de 71 %.
Il y a un an, sévissait une récession sévère ; aujourd'hui, la croissance est revenue. Il y a un an, on avait toutes les raisons de penser que de nombreux fléaux étaient sur le point de s'abattre sur l'économie mondiale : une déflation galopante, des catastrophes bancaires en série et une course effrénée au protectionnisme ; tous ces dangers sont maintenant écartés.
Les investisseurs peuvent aussi se réjouir de ce que les entreprises aient une maîtrise suffisante de leur avenir à court terme pour afficher des bénéfices conformes, voire supérieurs, aux prévisions des analystes.
Pourtant, cet anniversaire a comme un goût doux-amer. Car le moteur a des ratés. Ainsi, alors que le FTSE 100, l'indice phare de la Bourse de Londres, bat des records - il compte un grand nombre de sociétés engagées dans le secteur des matières premières et de l'énergie -, la plupart des autres indices font quasiment du sur-place depuis cinq mois.
Ce coup d'arrêt est le signe que, contre toute attente, la reprise est molle. Ce que beaucoup commencent à redouter sérieusement.
De fait, dans les années à venir, on n'aura peut-être pas le coeur à la fête... le 9 mars.
Car la crise mondiale a laissé de profondes blessures qui n'ont pas encore cicatrisé. Les banques centrales continuent de manifester une prodigalité volontariste, et le chômage reste perché à des niveaux inacceptables. La purge des excès du crédit n'a pas été complète, et ce, pour le plus grand malheur de tous. Quant au système financier, il est bien sorti de la zone critique, mais c'est justement son effervescence toute récente qui alimente la peur.
Le fait que l'on commence à évoquer le retour de l'inflation signifie d'ailleurs que les marchés sont loin d'avoir été assainis.
Si les actions constituent la meilleure des couvertures pour se protéger de la hausse des prix, les investisseurs restent particulièrement frileux, tandis qu'au sein d'institutions comme le Fonds monétaire international (FMI), les banques Morgan Stanley ou la Société générale, les économistes considèrent qu'une flambée de l'inflation est très probable, et même souhaitable, car elle permettrait d'éliminer les séquelles des excès passés à moindres frais.
Si l'on en croit l'historique des marchés boursiers, chaque phase florissante de douze mois consécutifs a toujours été suivie d'une phase beaucoup plus terne.
En travaillant sur la période postérieure à 1940, la Deutsche Bank a calculé que, pour les Etats-Unis, la progression n'avait été que de 3 % en moyenne au cours de ce "palier". Certes, les indices sont très inférieurs à leurs records absolus, mais il y a fort à parier que le prochain 9 mars venu, il n'y aura guère matière à se montrer d'humeur joyeuse.
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