Pour la France, la facture de l'Airbus A 400M s'élèvera à 950 millions d'euros.
Matignon arbitrera entre un recours au grand emprunt ou une option privilégiant le budget de l'État.
Le grand emprunt peut-il servir à financer une partie des surcoûts de l'Airbus A 400M ? Plus précisément l'enveloppe de 1,5 milliard d'euros dédiée à l'aéronautique du futur. Non, répond Jean Arthuis, le président centriste de la commission des finances du Sénat. «Ce serait en contradiction avec tout ce que nous avons voté, parce que les crédits étaient destinés à l'avion vert du futur et que l'A 400M, ce n'est pas l'avion du futur», a-t-il déclaré.
Cette piste est bel et bien étudiée par le gouvernement qui doit trouver une solution pour financer la part qui revient à la France dans la prise en charge des surcoûts du programme. EADS, maison mère d'Airbus, et les sept États clients se sont mis d'accord sur un partage des 7,6 milliards de dérapage financier. Les pays ont accepté une rallonge de 3,5 milliards d'euros.
Pour la France, la facture s'élève à 950 millions dont 550 millions pour couvrir la hausse du prix unitaire de l'appareil et 400 millions sous forme d'avances remboursables sur les futures ventes à l'export. Le ministère de la Défense puisera dans son budget pour financer la hausse de prix mais pas les avances. Car celles-ci ne sont pas une rallonge accordée à Airbus pour boucher un trou mais un prêt, assorti d'un taux d'intérêt, sur lequel l'État devrait se rembourser largement. Pour autant que l'A 400M effectue une belle carrière à l'international où son potentiel est estimé entre 300 et 400 exemplaires.
Une autre piste :
Les 400 millions devront être financés sur des fonds ministériels, a déjà précisé Hervé Morin, le ministre de la Défense. Pour les partisans du recours du grand emprunt, l'A 400M est un bon candidat. Selon eux, il répond aux critères d'éligibilité car c'est un avion du futur - il sera mis en service en 2013 et sa durée de vie tourne autour de 40-50 ans -, il permet à Airbus de développer une nouvelle gamme d'avions, il utilise 25 % de composite, le matériau du futur dans l'aéronautique, il est encore en cours de développement, il cumule des innovations technologiques qui auront des retombées dans les industries civiles, il va créer 12 000 emplois en France.
Enfin, souligne un très bon connaisseur du dossier, il n'est mentionné à aucun moment dans les critères d'éligibilité que le grand emprunt exclut les avions militaires. Techniquement, les partisans du recours au grand emprunt ont un dossier solide mais respecte-t-il son esprit ? Cela est moins sûr. Il reviendra à René Ricol, le Commissaire général à l'investissement, d'en juger.
À moins qu'une autre solution ne soit retenue. Il s'agirait de transférer dans le panier du grand emprunt des crédits de recherche qui, avant son adoption, étaient logés dans le budget général de l'État. Ensuite, la marge de manœuvre retrouvée serait utilisée pour financer les avances remboursables sur le budget général.
L'arbitrage sera rendu par Matignon dans les prochains mois. Mais, souligne-t-on, il n'y a pas d'urgence puisque les fonds ne seront pas versés à Airbus avant un ou deux ans.
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