Chris Dodd a proposé lundi de renforcer le pouvoir de surveillance de la Fed sur les plus grandes banques. Le contraire de ce qu'il préconisait en novembre dernier.
L'influent sénateur démocrate Chris Dodd a présenté lundi un texte qui se veut consensuel. Ce dernier ne recueille pourtant aucun appui républicain, mais diffère de la version adoptée par la Chambre des représentants.
De notre correspondant à Washington:
Le sénateur Chris Dodd rêve de finir sa carrière en beauté. Son désir de réformer la finance américaine n'est pas forcément près d'aboutir. Le démocrate du Connecticut, au Congrès depuis 1974, a présenté lundi un projet de loi qui prend en compte un certain nombre de priorités de Barack Obama mais ne recueille le soutien d'aucun républicain. «Nous devons restaurer la responsabilité de notre système financier afin de redonner confiance aux Américains et pour que ce système fonctionne et les protège», a expliqué Chris Dodd.
Impopulaire dans sa circonscription, le président de la Commission bancaire du sénat, âgé de 65 ans, a choisi de ne pas se représenter en novembre et se trouve ainsi libre de toute pression de la part des lobbies. En revanche, sa retraite programmée le prive d'une partie de l'autorité nécessaire pour rallier ses collègues sceptiques à un texte pourtant prioritaire pour la Maison-Blanche. Cette dernière souligne que dix mois après l'éclatement de la crise financière il est urgent de mettre en œuvre des réformes concrètes.
Dodd a considérablement modifié le projet préliminaire qu'il avait présenté en novembre. À l'époque, il avait qualifié d'«échec abyssal» la manière dont la Réserve fédérale avait analysé les risques qui ont conduit à la crise. Il proposait alors de retirer à la Fed tout pouvoir de supervision des banques pour ne lui laisser que la responsabilité de la conduite de la politique monétaire. Sous l'effet de quatre mois de pressions du Trésor et de la Fed, il a proposé lundi un texte qui renforcerait le pouvoir de surveillance de la Fed sur les plus grandes banques. En outre, il doterait la banque centrale des États-Unis de nouveaux pouvoirs équivalents sur les sociétés financières qui ne collectent pas d'épargne publique.
Déception à gauche du Parti démocrate :
La Fed serait même l'entité sélectionnée pour abriter une nouvelle agence autonome de réglementation des services financiers au grand public. Cette solution suscite une grande déception à gauche du Parti démocrate. Barney Frank, président de la commission des services financiers de la Chambre, juge que l'insuffisance de la réglementation du crédit immobilier et du crédit à la consommation est une des causes majeure de la crise. Grâce à ses efforts, la Chambre des représentants a déjà voté en décembre une version différente de réforme de la finance qui crée une nouvelle agence totalement indépendante de la Fed.
Les concessions faites par Chris Dodd aux républicains ne garantissent en rien le succès de sa démarche. Les conservateurs, bien que minoritaires au Sénat, peuvent bloquer pendant des mois cette réforme. À l'inverse, les leaders démocrates de la Chambre jugent son texte trop timide par rapport à la version de la réforme qu'ils ont fait passer en décembre.
Cette version devra ensuite être harmonisée avec la version votée en décembre à la Chambre. Au terme de négociations toujours difficiles entre leaders des deux chambres, il appartiendrait ensuite aux sénateurs et représentants de voter à nouveau le même texte avant de le soumettre à la signature du président Obama. Ce dernier comptait y parvenir avant l'été. Il est peu probable que ce délai soit respecté.
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