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vendredi 12 mars 2010

Ruée vers l’eldorado des applications mobiles.

Déjà près de 3 milliards de téléchargements ont été effectués sur la seule plateforme d’Apple. Avec 180 millions de smartphones vendus dans le monde, la demande ne fait qu’accroître. Et les sources de revenus sont estimées à 30 milliards de dollars d’ici 3 ans.
2009 aura indiscutablement été l’année des smartphones. Environ 180 millions d’unités ont été vendues dans le monde en 2009. Une aubaine pour le marché des applications, censé équiper tous ces terminaux. D’après l’institut d’analyse Gartner, ce marché a engrangé l’an dernier, 4,2 milliards de dollars de chiffres d’affaires, aussi bien via les applications payantes que gratuites, qui génèrent des revenus publicitaires.
Pour le moment, cette industrie est littéralement dévorée par Apple à l’échelle mondiale. Sa plateforme, l’App Store, représente entre 97,5% et 99,4% du marché selon les études. Un succès qui fait écho à celui de l’iPhone, considéré comme le premier véritable smartphone à usage grand public, vendu à 25 millions d’exemplaires en 2009. L’iPod Touch, qui permet des téléchargements d’applications, est lui aussi un succès avec près de 20 millions d’unités écoulées depuis son lancement en 2007.

« Un coup de génie »
La firme à la pomme recense sur l’App Store plus de 28.000 développeurs qui ont fourni jusqu’ici 150.000 applications. Près de 3 milliards de téléchargements ont été effectués dans 77 pays.
Autant dire que les concurrents font figure de petits joueurs. Derrière Apple, l’Android Market de Google ne compte qu’environ 30.000 applications. Mais le géant de l’internet se diversifie et compte rebondir sur sa Apps Marketplace, une plateforme à usage professionnel, lancée le 9 mars dernier. L’Ovi Store de Nokia, troisième du marché, en dénombre 6.000 alors que le Suédois est numéro un du marché des smartphones en volume (39% de part de marché). Les autres plateformes, notamment, la BlackBerry App World (Rim) et Windows Marketplace pour Mobile, se partagent les miettes. «Leurs services sont moins pratiques au niveau du paiement. Rim utilise Paypal, qui n’est pas développé sur les mobiles. Ovi passe encore par un paiement aux opérateurs. Alors qu’avec l’App Store, il suffit de se créer un compte iTunes et en 2 clics, c’est fait», explique Renaud Ménérat, directeur de l’agence de marketing mobile UserADgents.
Couplées à une offre abondante, ces facilités de paiement font de l’App Store une affaire rentable pour Apple. «Apple a eu un coup de génie. C’est la première société qui fait la promotion et qui vend des produits qu’elle n’a pas fabriqués, en profitant de l’intelligence collective. Elle n’a rien investi mais récolte 30% des revenus par application payante vendue, les 70% restant allant au développeur. Apple », explique Gilles Blanc, directeur d’étude chez Benchmark. Ce ratio pourrait d’ailleurs être remis en question par celui pratiqué par Google sur sa plateforme professionnelle. En effet, le moteur de recherche propose aux développeurs d’être rémunérés jusqu’à 80% du chiffre d’affaires généré par leurs applications.
Pour l’instant, les bénéfices sont relatifs. En décembre 2009, la firme californienne a encaissé 75 millions de dollars d’après les estimations de l’étude de gigaom.com. Une goutte d’eau à comparer aux 15,68 milliards de chiffre d’affaires total du premier trimestre 2009-2010, soit 5,2 milliards mensuels. «Mais Apple se base sur un potentiel de 60 millions d’utilisateurs d’iPhone dans le monde», explique Renaud Ménérat. Et les prévisions de l’Américain ne laissent pas de doute: Apple table sur un gain de 1,6 milliard de dollars en 2012.

L’union contre Apple s’organise:

Devant cette pression, les opérateurs ont enfin décidé enfin de réagir. Début février, 24 d’entre eux, alliés à des constructeurs, s’unissent pour créer une plateforme commune de développement et de vente d’applications. Orange, AT&T, Vodafone, Sony ou encore Samsung font parti de l’équipe. «C’est la stratégie des suiveurs, mais il est malheureusement trop tard pour rattraper le retard. Il faut investir dans des infrastructures chères comme la 4G. Or leurs revenus baissent», constate-t-on à Benchmark.
Pourtant, l’enjeu est de taille car d’après le cabinet Gartner, en 2012, pas moins de 37% des terminaux mobiles vendus appartiendront à la famille des smartphones. Le marché des applications suivra le rythme avec en 2013, 21,6 milliards de téléchargements pour un chiffre d’affaires estimé à 29,48 milliards de dollars.

Près de 50 millions d’euros pour le marché français:
Du côté français, ce marché est comme ailleurs entre les mains d’Apple. D’après userADgents, qui a réalisé une étude approfondie sur le sujet en février dernier, la firme à la pomme contrôle entre 90% et 95% de l’offre. La version française de l’App Store recense 79.976 apps dont 40% gratuites, alimentée par 23.942 développeurs.
Pour les fournisseurs d’applications payantes, le marché français est estimé dans une fourchette de 30 à 50 millions d’euros en 2010. Le revenu moyen par développeur s’établirait à 2040 euros par mois (2800 dollars). «L’écosystème est rentable car avant, il fallait passer par l’opérateur qui prenait 50% des revenus», confirme Nicolas Bensignor, directeur de Playsoft, une agence spécialisée dans le développement d’applications.
Le modèle gratuit n’est pas en reste puisqu’il permettrait de générer 1 à 2 euros pour 1000 bannières publicitaires vendues. Une aubaine lorsque l’on sait que les apps gratuites centralisent 75% des téléchargements. «Dans ce cas, la difficulté est de fidéliser les consommateurs. 95% des gens n’utilisent pas deux fois la même application», constate Renaud Ménérat.

Une ouverture pour le marché publicitaire:

L’application devient à ce titre un outil de géomarketing très prometteur, qui selon les observateurs peut redynamiser le marché de la publicité au profit de certains secteurs en difficulté, comme les médias. En moyenne, un individu garde son smartphone allumé sur lui environ 16 heures par jour et d’ici 2014, 39% des Européens utiliseront l’internet sur mobile selon le cabinet Forrester. De plus, la vitrine assurée par les applications à un fort potentiel encore peu exploité. «On se rend compte que les gens passent par le moteur de recherche de l’App Store pour rechercher des services, plutôt que par celui d’internet. Dans ce cas, la marque peut être présente pour un référencement», explique UserADgents. «Ce marché va s’appuyer sur la convergence entre le marketing et le contenu, le mobile et le web. Il y a encore beaucoup de chose à inventer. Ce n’est que le début», se réjouit Nicolas Bensignor.
Seul inconvénient auquel les acteurs du marché doivent se préparer : la piraterie sur les applications payantes. D’après le site américain 24/7 Wall Street, cette dernière représente déjà un manque à gagner direct de 135 millions de dollars pour Apple et de 315 millions de dollars pour les développeurs. «Cela concerne pour le moment principalement les jeux», tempère Renaud Ménérat. Le phénomène, encore minoritaire, ne serait d’ailleurs pas mauvais signe d’après les analystes. «La piraterie est le pendant de toute économie qui marche bien», souligne Gilles Blanc.

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