Le groupe met en cause l'attitude des autres horlogers suisses, qui vendent très chers des modèles ayant un mouvement peu élaboré.
Swatch a sauvé l'industrie horlogère suisse dans les années 1980 grâce à ses modèles bon marché.
La très grave crise traversée par l'horlogerie depuis la fin 2008 jugée terminée, le groupe Swatch, qui en a moins souffert que ses concurrents, reprend l'offensive. Jeudi, lors de la présentation de ses résultats annuels, son PDG, Nick Hayek, a réitéré sa menace de cesser de fournir ses homologues suisses en mouvements d'horlogerie, dont il possède un quasi-monopole de la production dans ses quelque 160 usines. «Nous voulons mettre fin à cette mentalité de supermarché qui consiste à acheter quelque chose pour le revendre dix ou vingt fois plus cher, a-t-il tonné. Ce n'est pas sain et pas correct vis-à-vis des consommateurs. Une marque qui vend une montre 15 000 ou 20 000 francs suisses peut contenir le même mouvement qu'une Hamilton à 800 francs. Or le mouvement, c'est le cœur d'un produit, surtout dans le haut de gamme. Les grandes marques qui communiquent sur le “swiss made” doivent prendre leurs responsabilités vis-à-vis de cette industrie pour la développer et ne pas se contenter de faire du marketing.».
Sauveur dans les années 1980 de l'horlogerie suisse, grâce au succès de ses modèles Swatch bon marché fabriqués localement, qui lui a permis de constituer un géant mondial présent sur tous les segments de prix, de Flik Flak à Omega ou Breguet, en passant par Longines et Tissot, le groupe Swatch fournit en composants la grande majorité des autres marques helvétiques.
Hausse des ventes :
Il a entamé une négociation avec la Commission de la concurrence suisse afin d'étudier les modalités d'une telle mesure. «Est-ce qu'on va stopper la livraison à tout le monde ? Est-ce qu'on arrête l'horlogerie suisse ? Non. Nous continuerons à travailler avec certains. Et cela ne se fera pas cette année», relativise Nick Hayek, fils du fondateur du groupe Swatch.
Grâce à son positionnement équilibré, Swatch Group a mieux résisté que le marché en 2009. Alors que les exportations horlogères suisses plongeaient de 22 %, son chiffre d'affaires a reculé de 8 %, à 5,9 milliards de francs suisses (4 milliards d'euros). Son résultat opérationnel a reculé de 25 % et son résultat net de 8,9 %, à 763 millions de francs suisses (522 millions d'euros). Cela reste un profit de 14,8 % du chiffre d'affaires net, à comparer à un taux de 18 % en 2007. «Nous avons accepté de réduire nos marges pour préserver nos emplois, souligne Nick Hayek. Mais dans la deuxième moitié de 2009, la marge a atteint un record de 20 %. Nous pourrions conserver ce niveau-là pour 2010.»
Le patron de Swatch est en effet très optimiste sur le redressement de son activité. En janvier et février, les ventes ont bondi de 40 % par rapport à 2009 mais aussi de près de 10 % par rapport à l'année record 2008. «Je ne dis pas encore que l'année est faite mais cela s'annonce vraiment pas mal du tout», réagit le PDG. Pour lui, les difficultés de ces derniers mois étaient plus un retournement d'une croissance débridée, en particulier dans le luxe, qu'une crise structurelle de l'industrie. Et ses modèles bas et milieu de gamme, de Swatch, Longines, Rado, Tissot ou Calvin Klein, ont continué de bien se vendre tout au long de 2009.
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