L'émission obligataire a été sursouscrite au taux record de 3,65%. Le coût de son emprunt est deux fois supérieur au taux de 1,67 % retenu en janvier dernier pour une opération similaire.
La Grèce n'a, une fois encore, pas eu le moindre problème pour attirer les investisseurs. Athènes a placé mardi en une matinée 1,95 milliard d'euros de bons du Trésor à trois mois au taux de 3,65 % alors qu'elle n'avait besoin que de récolter 1,5 milliard d'euros. La semaine dernière, une autre émission lui avait permis de lever 1,56 milliard d'euros quand une somme de 1,2 milliard était visée.
Mais la Grèce paie le prix fort. A 3,65 %, le coût de son emprunt est au plus haut niveau jamais enregistré depuis le lancement de la monnaie européenne et plus de deux fois supérieur au taux de 1,67 % retenu en janvier dernier pour une opération similaire.
Car la Grèce peine à rassurer. Les taux des obligations d'État ont atteint hier un nouveau record, à 7,8 %. Athènes est désormais obligée de débourser 4,71 % de plus que l'Allemagne pour emprunter sur les marchés. Une anomalie que dénonce Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI (Fonds monétaire international), dans un entretien au Monde. «Lui prêter l'argent salvateur à des taux élevés n'a pas de sens, car on rendrait son redressement impossible», accuse-t-il.
Crédits coordonnés:
Alors que des équipes du FMI et de l'Union européenne entament aujourd'hui à Athènes des discussions sur les conditions techniques de leur aide à la Grèce, Olivier Blanchard lance le pavé dans la marre des 5 % qui ont été retenus pour le taux des prêts accordés par le plan de sauvetage européen.
Plan dont on commence à mieux cerner les contours. «S'il y a une aide à la Grèce, ce sera sous forme de crédits coordonnés», a précisé hier le secrétaire d'État allemand aux Finances, Jörg Asmussen en ajoutant que la souscription à des obligations grecques avait «été écartée». Mais la Commission n'entend pas relâcher sa pression. Elle veut maintenant que le gouvernement grec précise ses mesures budgétaires pour 2011 et 2012.
Alors que le premier ministre Georges Papandreou redit que la Grèce n'hésitera pas à demander l'aide de Bruxelles et du FMI, son ministre des Finances, Georges Papaconstantinou se veut rassurant, estimant que le placement de mardi «a réduit nos besoins d'emprunt pour le mois de mai à 10 milliards d'euros » et permet d'« exclure que le pays soit à découvert».
Des marchés qui ne sont pas apaisés:
Des propos insuffisant toutefois pour calmer les marchés. Si l'euro remonte face au dollar, la Bourse d'Athènes n'a pas apprécié l'annonce faite par la Banque de Grèce d'un déficit des comptes courants multiplié par deux en février, à 3,2 milliards d'euros contre 1,3 milliard il y a un an, tandis que les chiffres du chômage grimpaient à 11,3 % en janvier contre 10,2 en décembre.
Elle s'interroge aussi sur les déclarations d'Axel Weber, membre du conseil de gouvernance de la Banque centrale européenne, au Wall Street Journal, selon lesquelles la Grèce aurait besoin d'une aide non pas de 30 mais de 80 milliards d'euros.
Mais Axel Weber est aussi président de la Bundesbank, et outre-Rhin, le plan de sauvetage de la Grèce a toujours autant de mal à passer.
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