Six millions d'automobiles, trente-quatre nouveaux modèles (dont dix en Europe), un chiffre d'affaires cumulé de 93 milliards d'euros, une rentabilité de l'ordre de 7,2 à 8% et des profits de l'ordre de 5 milliards : tels sont les ambitieux objectifs que Fiat/Chrysler s'assigne pour 2014.
Au terme d'une présentation fleuve de cinq heures, l'administrateur délégué Sergio Marchionne a en outre annoncé l'information pressentie depuis la veille : la séparation de la branche automobile du reste du groupe. Concrètement,le groupe Fiat aujourd'hui coté ne conservera que les activités automobiles (Fiat, Lancia, Alfa…). Les autres branches industrielles, Iveco (camions) et CNH (engins de terrassement et machines agricoles» notamment, qui représentent environ la moitié de l'activité, seront logées dans une nouvelle société, Fiat Industriale, qui devrait être cotée à la bourse de Milan l'ici la fin de l'année.
«Un nouveau chapitre s'ouvre dans notre histoire», a lancé Sergio Marchionne, soulignant que la séparation des activités constituait «la seule solution» pour garantir une croissance stable à l'ensemble du groupe. A partir de là, les spéculations vont bon train. En isolant l'activité automobile, la famille Agnelli redonne de la souplesse à Fiat pour envisager des rapprochements avec d'autres constructeurs. Cette scission avait du reste été envisagée il y a un an au cas ou Fiat rachète Opel. Ce «spin-off» soulève également des interrogations sur l'engagement à long terme des Agnelli dans l'automobile. Sergio Marchionne n'a pas manqué de souligner que chacune des deux sociétés aurait «toute l'autonomie et la liberté nécessaires pour suivre au mieux sa propre route».
L'accolade:
Quoi qu'il en soit, mercredi, l'heure était surtout au projet industriel. La présentation a débuté par une acclamation prolongée de l'assistance pour le nouveau président John Elkann. Le petit fils de l'Avvocato Giovanni Agnelli s'est présenté à la tribune pour donner l'accolade à Sergio Marchionne.
Le patron opérationnel s'est félicité des résultats du premier trimestre, marqués par une forte réduction des coûts, un chiffre d'affaires en progression de 14,7% (à 12,9 milliards d'euros) et un retour presque accompli à l'équilibre. «C'est le premier pas», a commenté le manager. Quant à Chrysler détenu à 20%, sa situation semble s'assainir. Le constructeur américain a subi près de quatre milliards de dollars de pertes depuis cette sortie mais a dégagé un bénéfice d'exploitation de 143 millions de dollars au premier trimestre.
Sergio Marchionne mise sur une forte intégration à tous les niveaux entre les deux groupe automobiles. Les six millions de voitures seront produites principalement à partir de huit châssis, quatre de Fiat et autant de Chrysler. Le principe dominant sera celui de la «modularité» avec 65 % des voitures adoptant la même architecture : cela permettra de réduire les coûts.
Les achats de matériels et de matières premières, les réseaux commerciaux, la recherche et développement seront mis en commun de manière à maximiser les synergies
Lancia sera la plus grande bénéficiaire de l'intégration avec Chrysler, avec le lancement de huit nouveaux modèles, dont six basés sur des hauts de gamme de la marque américaine. De son côté Chrysler verra ses gammes augmentées de trois nouveaux modèles en Europe.
Les deux entreprises commercialiseront 51 nouveautés et nouvelles versions de véhicules dans les cinq ans.
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