Dans les gares d'Europe (ici : la gare Termini à Rome), les voyageurs privés d'avion étaient nombreux, hier, à tenter d'obtenir des billets de train.Mots clés : CETO, IATA, CETO, IATA, AIR FRANCE-KLM, NOUVELLES FRONTIERES, VOYAGEURS DU MONDE, AIR FRANCE-KLM, NOUVELLES FRONTIERES, VOYAGEURS DU MONDE.
Les compagnies annoncent déjà un impact économique plus violent que celui du 11 Septembre. Les tour-opérateurs en appellent à l'aide du gouvernement.
Toute la filière touristique, depuis les compagnies aériennes jusqu'aux voyagistes, commence à faire les comptes de la crise inédite provoquée par la fermeture de la quasi-totalité de l'espace aérien européen. «On essaie péniblement d'anticiper tout en ayant la tête dans le guidon», résume un porte-parole de Nouvelles Frontières, un des principaux voyagistes en France, qui souligne le caractère imprévisible des jours à venir.
D'après l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), l'impact économique de cet événement va dépasser celui des attentats du 11 septembre 2001. Une catastrophe pour le secteur aérien qui traverse depuis 2008 une des crises les plus graves de son histoire. L'an dernier, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata) qui regroupe les compagnies au niveau mondial, la profession a vu son chiffre global reculer de 79 milliards de dollars, pour un déficit cumulé de plus de 11 milliards.
150 millions par jour:
L'impact du «nuage» n'est pas encore précisément calculé. Les estimations les plus variées circulent. Pour les compagnies aériennes, la paralysie du trafic coûterait 150 millions d'euros par jour, a calculé l'Iata. Depuis jeudi dernier, 63 000 vols ont déjà été annulés. Prises isolément, les sociétés se refusent toutefois à toute évaluation. «La priorité est de s'occuper des passagers en souffrance et de savoir comment on peut progressivement remettre en place le système», indique Air France-KLM. «Les questions économiques seront évoquées dans un second temps», précise son directeur général, Pierre-Henri Gourgeon. Cependant, les rumeurs d'une aide exceptionnelle au secteur au niveau de l'Union européenne commençaient déjà à circuler hier.
50 000 Français clients de tour-opérateurs seraient actuellement bloqués à l'étranger sur un total de 150 000 ressortissants concernés. Entre 150 et 200 rotations seraient nécessaires à leur retour. Mais il s'agirait d'estimations «pifométriques», selon le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau. «Il est tout à fait prématuré de faire un bilan chiffré, estime-t-on chez Nouvelles Frontières. Pour l'instant, il s'agit d'être le plus pragmatique possible.»
Les tour-opérateurs fragilisés :
Les entreprises voient cependant avec angoisse s'évaporer leur chiffre d'affaires des vacances de Pâques. Vendredi, le syndicat des tour-opérateurs (Ceto) a appelé le gouvernement à organiser le rapatriement des voyageurs bloqués à l'étranger, considérant que les voyagistes n'avaient pas les moyens de le faire. «Nous demandons l'aide du gouvernement, sinon c'est la faillite», a affirmé René-Marc Chikli, président du Ceto. Ce à quoi Dominique Bussereau a rétorqué samedi qu'il appartenait aux tour-opérateurs de prendre leurs responsabilités en prenant en charge leurs clients. «Scandaleux ! s'est indigné Jean-François Rial, PDG du groupe Voyageurs du monde. Je ne vois pas en quoi les voyagistes devraient être tenus pour seuls responsables d'un événement indépendant de leur volonté.»
Concrètement, la plupart des voyagistes prennent en charge la «logistique» sur place. Ils négocient avec leurs partenaires hôteliers habituels des conditions préférentielles pour permettre le prolongement de séjours de Français dont le vol de retour a été annulé. Mais ce sont les clients qui prennent en charge ces frais. Une compagnie comme Corsairfly fait revenir ses clients sur les aéroports qui ont rouvert dans le sud de la France. Ensuite, les tour-opérateurs prennent en charge les retours au point d'origine. Le Ceto négociait hier ces questions avec la SNCF et les entreprises d'autocar.
Cas de force majeure:
Pour les clients en France dont le vol a été annulé, le voyagiste leur propose soit un report dans le cadre d'un «package» vol et séjour, soit un avoir. Dans les deux cas, le voyagiste se charge de trouver des solutions dans les six mois. «Toutes les modifications sont possibles, notre cellule de crise travaille d'ores et déjà au remontage de programmes», indique-t-on chez Nouvelles Frontières. Pour les vols «secs», les clients doivent se tourner vers la compagnie aérienne.
Juridiquement, les tour-opérateurs sont couverts car il s'agit d'un cas de force majeure : un événement extérieur, imprévisible et irrésistible. À ce titre, ils n'ont pas d'obligation vis-à-vis des consommateurs. Mais, en pratique, les tour-opérateurs qui négligeraient trop leurs clients s'exposent à casser leur image. C'est pourquoi ils choisissent le report sans frais au titre du «geste commercial». La facture financière risque d'être salée.
En attendant le retour à la normale, un groupe de travail doit se réunir à Bercy aujourd'hui ou demain «afin d'expertiser les conséquences économiques sur les secteurs touchés».
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