Le groupe présidé par Gérard Mestrallet a annoncé un objectif de résultat opérationnel en hausse de plus de 30 % d'ici à 2013. Il reste confronté à la décorrélation des prix du gaz et du pétrole.
GDF Suez a annoncé ce matin des objectifs ambitieux à moyen terme, malgré les fortes incertitudes qui pèsent sur ses activités gazières. Profitant de l'intégration d'International Power(IP), le géant de l'énergie prévoit un résultat opérationnel (Ebitda) de plus de 20 milliards d'euros en 2013, contre 15,1 milliards d'euros réalisés en 2010, pour un chiffre d'affaires de 84,5 milliards d'euros.
Cette année, il vise un Ebitda de 17 à 17,5 milliards d'euros. « Le moins que l'on puisse dire, c'est que le monde qui nous entoure est un monde relativement incertain, a déclaré Gérard Mestrallet, évoquant les risques macroéconomiques et géopolitiques. Notre objectif est d'être un pôle de stabilité et de croissance dans un environnement fragile et risqué ».
De fait, les risques ne manquent pas. A commencer par ceux pesant sur les activités d'achat et de vente de gaz de GDF Suez. Comme l'allemand E.ON ou l'italien Eni, le groupe franco-belge est exposé à décorrélation des prix du gaz et du pétrole.
Historiquement, ceux-ci évoluaient parallèlement. Mais la découverte massive de gaz non conventionnels, couplée à la baisse de la demande sur fond de crise économique, a engendré des surcapacités. Et donc des baisses des prix sur les marchés spots, qui servent de référence aux ventes au clients industriels. Dans le même temps, l'or noir n'a pas baissé, au contraire. Or GDF Suez et ses concurrents se fournissent essentiellement via des contrats de long terme qui sont indexés sur le pétrole...
« Nous ne faisons pas l'hypothèse que ce spread (l'écart entre les prix des contrats pétrole et gaz, ndlr) se referme cette année ou l'année prochaine, a reconnu Jean-François Cirelli, vice-président du groupe.Vraisemblablement, ce sera plutôt autour de 2013 ou 2014. » Après un coût de 800 millions d'euros sur les exercices 2010 et 2011, il estime l'exposition de GDF Suez autour de 600 millions d'euros pour l'année prochaine seulement. Pour réduire ce risque, il a lancé un plan d'action. Celui-ci repose sur deux axes : une nouvelle renégociation des contrats de long terme avec les fournisseurs (Statoil, Gazprom, Sonatrach...) après celle qui a déjà eu lieu l'an dernier, et des efforts d'arbitrage et d'optimisation.
Le marché du gaz en Europe est reparti à la hausse:
L'année dernière, le groupe a plutôt bien résisté. Mais il a profité de deux facteurs exogènes qui ont limité les dégâts. Premièrement, une hausse de 8 % de la demande de gaz en Europe, due essentiellement au climat particulièrement froid de 2010, après la baisse de 6 % en 2009, due à la crise. Deuxièmement, GDF Suez a profité de hausses de prix du gaz en France, où les tarifs ont bondi de 15 % l'an dernier. Compte tenu de l'augmentation des cours du pétrole, sur lesquels ils sont indexés, ils devraient à nouveau progresser de 5 % au 1er avril. Mais, à l'approche des élections présidentielles, le gouvernement ne sera peut-être pas prêt à maintenir ce rythme de hausses, et quand bien même les cours du pétrole continuaient leur ascension...
Pour préserver ses marges, le groupe a lancé un deuxième programme de performance, avec un objectif de gains de 900 millions d'euros pour 2011, incluant des synergies avec IP, l'électricien indépendant avec lequel il a fusionné pour se renforcer sur les marchés émergents. Autre axe d'efforts, pour réduire l'endettement : les cessions d'actifs, avec un doublement de l'objectif, à 10 milliards d'euros sur la période allant de 2011 à 2013. Les pistes étudiées incluent l'entrée de partenaires minoritaires dans les activités d'exploration et de production, la cession partielle du gestionnaire de réseau GRT Gaz à la Caisse des Dépôts, et la vente de participations dans les sociétés de distribution intercommunales belges.
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