
Le patron de la Banque centrale européenne a révisé de +1,8 à +2,3 % les attentes de hausse des prix dans la zone euro en 2011. Mais la BCE espère aussi un peu plus de croissance cette année et l'année prochaine, et son président a écarté l'idée d'un resserrement brutal de la politique monétaire.
« Je crois comprendre que la position du conseil des gouverneurs est qu'une hausse des taux d'intérêt lors de la prochaine réunion est possible », a indiqué Jean-Claude Trichet jeudi 3 mars, refroidissant dans un premier temps des marchés d'action jusque là en forte hausse.
Rebond laborieux de l'activité, regain d'inflation, bond des prix des produits énergétiques et de certains produits alimentaires, le tout dans un contexte de vaste bouleversement du monde arabe : la BCE a décidé jeudi de maintenir son principal taux directeur inchangé à 1%, mais pour combien de temps ? Telle était la question qui agitait déjà les marchés et économistes.
Le discours traditionnel de Jean-Claude Trichet à l'issue de la réunion mensuelle du conseil des gouverneurs était donc particulièrement attendu. « Les risques pour les perspectives d'évolution des prix sont orientées à la hausse », a lancé en entame le patron de la BCE. Mais « les dernières données confirment une dynamique positive pour l'économie de la zone euro », a-t-il estimé jeudi, tout en ajoutant aussitôt que l'incertitude restait « élevée ». Les mesures non conventionnelles ? Elles sont « par nature temporaires ».
Les prévisions d'inflation sont relevées sensiblement, à 2,3% pour 2011 dans la zone euro, contre 1,8% auparavant. Une «grande vigilance» est nécessaire en zone euro quant à l'inflation, au vu de pressions inflationnistes liées aux prix de l'énergie, a concédé le Français. Mais parallèlement, la Banque a relevé ses prévisions de croissance 2011 en zone euro, à 1,7% contre 1,4% auparavant, et a rehaussé sa prévision pour 2012 de 1,7 à 1,8 %. La fourchette pour 2012 est également actualisée, se situant désormais de 0,8 à 2,8 % contre 0,6 à 2,8 %.
Au total, la BCE a donc pointé sans surprise le regain d'inflation, mais sans adopter un ton alarmiste, du moins jusqu'à cette évocation d'une « possible » hausse des taux rapprochée. Certains analystes s'attendaient d'ailleurs à un premier signe d'inflexion de la politique accommodante de la banque européenne, par exemple en avouant qu'un partie du conseil des gouverneurs ne juge plus le niveau actuel des taux approprié. La hausse n'est toutefois « pas assurée », a explicité Jean-Claude Trichet. « Nous ne nous engageons jamais à l'avance. La décision sera prise lors de la prochaine réunion par le conseil des gouverneurs. « Nous faisons ce qu'il faut pour garantir la stabilité des prix sur le moyen terme par l'utilisation de l'outil taux d'intérêt et via nos mesures conventionnelles et non-conventionnelles. « En particulier, quand nous sommes confrontés à un choc -ce qui est le cas -notre responsabilité est d'éviter des tensions inflationnistes de second tour. » Et la politique de mesures non conventionnelle est « séparée » de la politique de taux, a-t-il ajouté.
Quant à l'ampleur de la hausse ? Une « grande hausse » en avril « n'est pas une bonne interprétation », a répondu le président de la BCE, qui a également écarté que le prochain mouvement soit le début d'une série de hausse des taux. Après avoir encaissé les propos sur ce resserrement de la politique de taux, les marchés d'action se sont du coup repris, et poursuivaient leur embellie sensible jeudi, gagnant +1,2 % vers 15H30. L'euro a bondi au plus haut depuis quatre mois face au dollar. La devise européenne s'échangeait à 1,3960 dollar à 15h, en hausse de 0,7%. Les taux allemands à 2 ans ont, eux, grimpé à leur plus haut niveau depuis juin 2009, à 1,75%.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire