Pour Matthieu Crozet, économiste au Cepii, les difficultés de l'industrie française ne sauraient se limiter à la question du coût du travail.
Certains secteurs, cependant, sont plus gourmands en main d'œuvre, et donc plus sensibles à cette variable. C'est par exemple le cas du textile, qui a largement délocalisé ses unités de production. C'est moins vrai dans le secteur des pièces mécaniques. Plus on monte en gamme, moins le déterminant prix est important.
En possédant un autre avantage comparatif, en termes d'innovation ou de qualité des produits par exemple. Prenons l'exemple de l'Allemagne. Ses atouts sont de plusieurs natures. D'abord, les entreprises allemandes proposent davantage de produits très spécifiques, de niche, quand la France se positionne plutôt sur des produits standards. Or, si vous êtes le seul à fournir telle pièce mécanique, vous pouvez la vendre plus cher. Ce positionnement est en partie la conséquence de leur effort en matière de recherche et développement (R&D), là aussi supérieur à celui de la France. En 2010, l'Allemagne a consacré 2,82% de son PIB à la R&D, contre seulement 2,26% en France. Et cet écart n'a cessé de progresser depuis 10 ans.
Le coût du travail est-il un critère déterminant de la compétitivité d'un pays?
Le
coût du travail est un critère parmi d'autres. Sinon, la Sierra Leone
serait le pays le plus compétitif du monde! A contrario, l'Allemagne,
que l'on prend si souvent pour modèle, se situe parmi les pays dont le
coût du travail est le plus élevé. Le tout est de compenser les
avantages et les inconvénients d'un même système productif. Quand on a
peu d'atouts, mieux vaut avoir un faible coût du travail. Certains secteurs, cependant, sont plus gourmands en main d'œuvre, et donc plus sensibles à cette variable. C'est par exemple le cas du textile, qui a largement délocalisé ses unités de production. C'est moins vrai dans le secteur des pièces mécaniques. Plus on monte en gamme, moins le déterminant prix est important.
Comment compenser un coût du travail élevé?
En possédant un autre avantage comparatif, en termes d'innovation ou de qualité des produits par exemple. Prenons l'exemple de l'Allemagne. Ses atouts sont de plusieurs natures. D'abord, les entreprises allemandes proposent davantage de produits très spécifiques, de niche, quand la France se positionne plutôt sur des produits standards. Or, si vous êtes le seul à fournir telle pièce mécanique, vous pouvez la vendre plus cher. Ce positionnement est en partie la conséquence de leur effort en matière de recherche et développement (R&D), là aussi supérieur à celui de la France. En 2010, l'Allemagne a consacré 2,82% de son PIB à la R&D, contre seulement 2,26% en France. Et cet écart n'a cessé de progresser depuis 10 ans.
L'Allemagne tente aussi de maîtriser ses coûts salariaux…
Dans l'industrie, le coût du travail allemand reste supérieur à celui de la France,
même si on est en train de la rattraper. Outre-Rhin, les entreprises
ont essayé de contenir le coût du travail en profitant à plein de la
mondialisation. Elles ont massivement fait appel à des sous-traitants
implantés dans les pays de l'Est. En 2000, les importations de biens
intermédiaires représentaient 4,5% du PIB français contre 4,9% du PIB
allemand. En 2010, cette part est tombée à moins de 4% pour la France
alors qu'elle avoisinait les 6% pour l'Allemagne. Il ne faut donc pas
s'y tromper: dans l'automobile par exemple, les exportations allemandes
sont très importantes, mais la valeur ajoutée produite en Allemagne est
faible.
Comment se situe la France dans ce contexte?
La
France a perdu en coût du travail relatif ces dernières années, et n'a
pas su compenser par une montée en gamme ou une hausse de la
productivité. Elle a opté pour une stratégie inverse de celle de
l'Allemagne. Quand cette dernière s'est spécialisée dans le haut de
gamme pour se démarquer des pays émergents, la France a baissé en gamme,
se positionnant essentiellement sur du moyenne gamme. On le voit, par
exemple, dans la construction automobile.
Outre l'effort en matière de R&D, qui devrait être plus soutenu, il
est à déplorer que les efforts de formation se tournent peu vers
l'industrie. Le faible nombre d'étudiants de la dernière promotion de
polytechnique qui se tournent vers ce secteur plutôt que vers la finance
en donne une idée...
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