Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international.
Les établissements européens vont devoir réduire de 2000 milliards d'euros leur endettement d'ici à la fin 2013, prévient le Fonds monétaire international dans son rapport semestriel consacré à la «stabilité financière mondiale».
Le Fonds monétaire international persiste et signe. Il avait suscité la polémique l'été dernier en demandant, par la voix de sa directrice générale Christine Lagarde, une «recapitalisation urgente» des banques de la zone euro. Le FMI prend cette fois un nouvel angle d'attaque: les établissements européens vont devoir, prévient -il, réduire de 2000 milliards d'euros leur endettement d'ici à la fin 2013, ce qui reviendra à une réduction de près de 7% de leurs bilans, est-il précisé.
Cette analyse figure dans le rapport semestriel consacré à la «stabilité financière mondiale» que le FMI publie ce mercredi. Il rappelle que les banques européennes sont sous pression depuis l'éclatement de la crise des crédits subprimes aux États-Unis à l'été 2007. Mais contrairement à leurs homologues américains, les établissements européens n'ont pas assaini leurs bilans à ce jour et ils continuent de se refinancer excessivement sur les marchés de gros, faute de ressources propres ou d'une collecte des dépôts suffisante auprès de leurs clients.
Impact négatif sur la distribution du crédit bancaire:
La pression s'est accrue l'été dernier, avec la généralisation de la crise des dettes souveraines à l'Italie. Et depuis lors la Banque centrale européenne a certes procédé à des opérations de prêts exceptionnelles en faveur des banques (les deux LTRO qui portent sur plus de 1000 milliards de dollars), ce qui les a soulagées. Mais cette aide n'a servi qu'à gagner du temps.À partir d'une simulation portant sur les 58 plus gros établissements de la zone euro, le département des marchés de capitaux du FMI estime qu'il leur faudra alléger de 2600 milliards de dollars (2000 milliards d'euros) le montant de leurs bilans cumulés en deux ans. Tout en reconnaissant que cette évaluation est «sujette à une incertitude considérable», les experts du Fonds considèrent que cette opération globale de désendettement (deleveraging en anglais) prendra la forme, pour les trois quarts, de cessions d'actifs principalement et, dans une moindre mesure, d'un renforcement des fonds propres.
Mais pour le quart restant le désendettement se fera par des réductions de crédits aux entreprises et aux ménages. Le FMI chiffre à 1,7% l'impact négatif sur la distribution totale du crédit bancaire. Il redoute que ces opérations simultanées «à grande échelle» se traduisent par un «credit crunch». Notons que ce phénomène est pris en compte dans les prévisions macroéconomiques publiées mardi et qu'il contribue de façon significative à la très grande faiblesse de la croissance dans la zone euro en 2012 et 2013.
Prendre leur sort en main:
Le FMI a étudié en parallèle deux autres scénarios. L'un encore plus défavorable, dans lequel le désendettement pourrait atteindre 3800 milliards de dollars, avec des effets boule de neige. L'autre scénario, au contraire, table sur un retour à la confiance, grâce à tout un ensemble de mesures de la part des pouvoirs publics. Il s'agirait d'encourager les restructurations des banques et de parvenir à une plus grande intégration financière et budgétaire, cela pouvant aller jusqu'à des euro-obligations pour les dettes publiques.Car, bien sûr, la vulnérabilité des banques et celles des finances publiques ne sont que les deux faces de la même médaille. Dans ce scénario dit de «politiques complètes», le processus de désendettement du système bancaire se limiterait alors à 2200 milliards de dollars. Avec pour conséquence un surplus de croissance de 0,6% du PIB par rapport au scénario économique de référence publié mardi dernier.
À tort ou à raison le FMI n'hésite pas à jouer les provocateurs pour inciter les responsables politiques européens à prendre leur sort en main. Car il estime qu'il en va de la stabilité financière de la planète dont il est le garant!
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