Après avoir marqué le pas en 2011 sous l'effet des printemps arabes, la croissance africaine connaîtra cette année un nouveau coup d'accélérateur. La Banque africaine de développement, qui publie ce lundi son tableau de bord annuel à l'occasion des assemblées générales, prévoit une hausse du PIB de 4,5% pour l'ensemble du continent, contre 3,4% en 2011. La reprise sera très nette en Afrique du Nord, très touchée l'année dernière par les soulèvements en Égypte, Libye et Tunisie, avec une hausse prévue de 3,1% après 0,5% en 2011. L'Afrique subsaharienne continue sur une trajectoire très positive: + 5,4% anticipés en 2012 et 2013. «La tonalité générale va clairement à l'optimisme, sans exclure toutefois plusieurs risques internes et externes», explicite le chef économiste Mthuli Ncube.
Déficit d'infrastructures:
Autre évolution prometteuse, souligne la banque africaine, l'économie du continent se diversifie. Si la croissance repose encore beaucoup sur les exportations de matières premières - agricoles, pétrolières et minières - qui stimulent les investissements directs étrangers, en provenance de plus en plus des économies émergentes (Brésil, Chine et Inde), elle tient aussi aux moteurs internes. Le chef économiste relève la meilleure gestion du cadre macroéconomique, notamment au Ghana et Nigeria, en particulier dans la maîtrise de l'inflation et l'émergence de classes moyennes qui dope la consommation, l'immobilier résidentiel et l'investissement. «On le constate par exemple au Kenya, en Afrique du Sud, en Ouganda. C'est globalement plus vrai dans des pays qui n'ont pas de richesses naturelles, où l'accent est mis sur l'éducation, sur l'entrepreneuriat», précise-t-il. À l'inverse, «les pays riches en ressources naturelles doivent s'attaquer davantage à la transformation de leur économie, cela doit être une priorité dans leur agenda», ajoute Mthuli Ncube, citant le Gabon, le Botswana, l'Algérie ou encore l'Angola.Contre-exemple: au Nigeria, qui reste encore très tributaire du pétrole et du gaz, ce sont surtout les télécommunications, le commerce, l'industrie et l'agriculture qui ont alimenté la croissance. Signe du regain de confiance, le secteur des services, en particulier bancaires et financiers, connaît un essor généralisé. En témoignent la présence de grands noms du capital-investissement, comme Allied et Bain Capital, et le développement de la téléphonie bancaire.
Côté risques, il y a l'impact de la conjoncture internationale, une éventuelle baisse du prix des matières premières ou un ralentissement plus marqué en zone euro qui freinerait les échanges commerciaux, les investissements et les financements bancaires. C'est sans compter les faiblesses intrinsèques au continent: risques politiques, tensions inflationnistes… et plus structurellement un déficit d'infrastructures et d'intégration régionale.
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