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jeudi 31 mai 2012

EADS: les quatre défis qui attendent Thomas Enders.

Le nouveau patron du géant européen devra désigner un directeur financier et un directeur des ressources humaines communs à EADS et Airbus.


• Réussir le grand rééquilibrage dans la défense:

EADS reste trop dépendant d’Airbus, qui représente 65 % de son activité. L’aéronautique civile a certes très bien résisté à la crise, mais pourrait bien être rattrapée. EADS doit donc se protéger en grandissant dans ses autres métiers. L’objectif est d’atteindre un équilibre entre Airbus (33,1 milliards d’euros) et ceux-ci (16 milliards), à l’instar de ce que fait Boeing. À court terme, Thomas Enders devra décider s’il regroupe ou non les activités défense au sein de Cassidian, la filiale dédiée, qui ne réalise que la moitié du chiffre d’affaires défense du groupe, le reste étant dispersé entre Astrium, Eurocopter et Airbus.
Sur le front des acquisitions, le géant a toujours rêvé de mettre la main sur Thales, mais le groupe de défense lui a échappé plusieurs fois. C’est Dassault Aviation qui en est devenu l’actionnaire industriel de référence en 2009. En Europe, EADS regarde certains des actifs de l’italien Finmeccanica. «En Allemagne, un rapprochement avec Rheinmetall ferait sens», note un observateur. Reste l’option américaine. «EADS pourrait choisir d’utiliser Eurocopter, déjà implanté industriellement et commercialement aux États-Unis, pour réaliser une acquisition. Sikorski offre une belle opportunité, alors que United Technology s’interroge sur cet actif», souligne un expert. Face à cet éventail d’options, EADS dispose de moyens importants, avec une trésorerie nette de 11,7 milliards d’euros.

• Optimiser les relations entre EADS et Airbus:

Thomas Enders veut rapprocher davantage EADS d’Airbus. Il a annoncé que son QG opérationnel serait à Toulouse, «au plus proche du business», et il va passer en moyenne deux jours par semaine dans cette ville. Il s’agit là d’un symbole fort dans un groupe doté de deux sièges sociaux, en France et en Allemagne. Deuxième décision importante: la désignation d’un directeur financier et d’un directeur des ressources humaines communs à EADS et Airbus.

• Réussir l’A 350 et ouvrir une usine aux États-Unis:

Les actionnaires attendent de Thomas Enders qu’il réussisse le programme A 350, le futur long-courrier qui doit entrer en service mi-2014. Ils ne veulent pas revivre le cauchemar de l’A 380 et de ses trois ans de retard. Le manager allemand doit aussi poursuivre le déploiement industriel hors d’Europe. Dossier prioritaire: ouvrir ou non une usine d’assemblage d’A 320 aux États-Unis sur le modèle du site de Tian-Jin en Chine. «Nous employons 200 personnes dans notre centre de recherche de Mobile en Alabama et nous avons ouvert un bureau d’ingénierie à Wichita au Kansas. Nous achetons pour plus de 11 milliards de dollars par an aux entreprises aéronautiques locales. Nous avons confié à l’américain Spirit la conception d’une partie clef du fuselage de l’A 350, nous comptons de nombreuses compagnies aériennes américaines parmi nos clients», développe Thomas Enders. Mais ce dossier suscite une certaine hostilité à Hambourg qui craint d’en faire les frais. Alors que Tian-Jin produit pour le marché chinois, l’assemblage de l’A 320 se partage entre Toulouse, où la cadence est limitée, et le site allemand qui profite des hausses de production annoncées. «Cette usine américaine permettra à EADS de créer un lien fort avec l’industrie américaine dans la perspective d’un affrontement avec la Chine dans les quinze ans à venir», souligne un très bon expert.

• Recomposer le capital:

Thomas Enders souhaite que les États sortent du capital pour qu’EADS devienne une entreprise «normale», sur le modèle de Boeing. Mais ce sujet relève du domaine réservé des actionnaires. Ils ont entamé des discussions. Dans un premier temps, ils travaillent à une modification du pacte d’actionnaires d’ici à la fin 2012, afin de tenir compte de l’arrivée d’un nouvel actionnaire allemand: la KfW, équivalent de la Caisse des dépôts, qui doit racheter 7,5 % des 15 % détenus par Daimler.
Les Allemands pourraient créer une entité qui porte leurs intérêts sur le modèle de la Sogeade française qui regroupe ceux de l’État et de Lagardère.
Dans un deuxième temps, les actionnaires privés espèrent que la réussite de l’A 350 leur ouvrira une fenêtre pour sortir définitivement du capital à partir de la fin 2013. Mais Paris et Berlin auront leur mot à dire car EADS est un succès européen et des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu en France et en Allemagne .

ECO-201222-capital-EADS.pdf

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