La directrice générale du FMI s'est montrée sévère sur la responsabilité des Grecs concernant leurs difficultés.
Le pays se déclare humilié par les propos de la patronne du FMI, qui leur fait porter la responsabilité de leurs difficultés. Les Grecs veulent un mea culpa, mais la dirigeante refuse de céder. Pendant ce temps, l'incertitude politique persiste.
«Avez-vous simplement songé que nous étions à court d'argent?» Les réactions fusent de toutes parts en Grèce, au lendemain de la sévère interview donnée par Christine Lagarde au quotidien britannique The Guardian, sur la situation de la péninsule hellénique et les difficultés rencontrées au quotidien par ses citoyens.
Ce message, laissé comme près de 10.000 autres sur la page Facebook de la directrice du Fonds monétaire international (FMI), illustre l'indignation des Grecs face à l'intransigeance de la dirigeante. Dans cet entretien publié hier, Christine Lagarde estimait qu'une partie des Grecs, en tentant d'échapper systématiquement aux impôts, étaient responsables de la dégradation des conditions de vie dans le pays. Et face aux révoltes populaires, celle-ci se déclare plus préoccupée par le sort des enfants d'Afrique que par celui des Grecs.
Revenir sur ces dires:
Des propos scandaleux pour les principaux intéressés. Dans un discours prononcé hier et repris ce matin sur France Info, Evangelos Venizélos, le chef de file du Pasok (équivalent du PS), l'accuse d'humiliation. «Personne ne peut humilier le peuple grec en cette période de crise et je dis ça tout particulièrement à l'adresse de Mme Lagarde», a-t-il ainsi répliqué. Plus encore, l'homme politique, qui mène campagne pour les nouvelles élections législatives du 17 juin, appelle Christine Lagarde à «reconsidérer» ses déclarations. Dans la rue, mêmes réactions d'incompréhension de la part du peuple grec, qui rappelle les quelque 3000 suicides directement liés à la crise.Certes, la dirigeante a tenté hier d'apaiser les esprits. «Ainsi que je l'ai dit à de nombreuses reprises par le passé, j'éprouve beaucoup de sympathie pour le peuple grec et pour les défis auxquels il est confronté», poursuit-elle ainsi sur le réseau social. Mais pas question pour autant de faire marche arrière. «Une part importante de cet effort réside dans le fait que chacun assume sa part du fardeau», termine-t-elle ainsi son dernier post, en écho à l'appel lancé hier aux Grecs à payer «tous leurs impôts».
Cette conclusion a de nouveau déclenché un déluge de commentaires, le plus souvent indignés. Une indignation qui s'est ensuite étendue dimanche à l'Hexagone, où les superlatifs n'ont pas manqué pour qualifier la position de l'ancienne ministre française. «Caricatural», «schématique», «indigne»… jusqu'à «pas de leçon à donner», chacun à gauche y est allé de son petit mot pour condamner ces propos.
Léger avantage pour Nouvelle Démocratie:
Quoiqu'il en soit, s'il y a la forme, malhabile, il y a aussi le fond. Et là, le FMI ne fera pas de cadeaux. Christine Lagarde exclut toujours tout assouplissement des termes du plan d'austérité imposé par la troïka BCE-FMI-UE pour redresser les finances publiques du pays, en échange d'un deuxième plan d'aide de 130 milliards d'euros. Car le temps du redressement des finances publiques de la Grèce est venu, a martelé en substance Christine Lagarde. Ainsi que celui de la lutte contre la corruption et la fraude fiscale, estimée à 13 milliards d'euros en 2011À moins de trois semaines des élections, le bras de fer se durcit donc entre le pays et les institutions internationales sur l'opportunité des mesures d'austérité. Ces derniers jours, les sondages confirment ce blocage, alors que l'indécision plane dans les intentions de vote des Grecs, et que persiste la probabilité d'un nouveau vote anti-austérité.
Le parti de la droite conservatrice Nouvelle Démocratie (ND), qui soutient les mesures d'austérité en échange de l'aide européenne de 130 milliards d'euros, est unanimement donné gagnant (entre 23,3 et 25,8 % des voix). Mais aucune majorité absolue ne se dessine, et l'avantage reste léger face au parti de gauche radicale Syriza, anti rigueur et actuellement second dans les sondages. Ces tendances, si elles se confirmaient, contraindraient le vainqueur à s'allier à d'autres partis pour stabiliser le gouvernement et font planer le risque d'une nouvelle impasse politique. Seule certitude, un peu dérisoire: les Grecs se sont massivement prononcés (82,4 %*) pour un maintien dans la zone euro.
* Selon un sondage Marc, effectué du 22 au 24 mai auprès de 1075 ménages grecs
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